11 décembre 1960 : Les manifestations qui ébranlèrent les projets de De Gaulle

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/Ces manifestations qui eurent lieu le 11 décembre 1960, marquèrent un véritable tournant dans la lutte pour l’indépendance nationale, au moment où la France coloniale prétendait avoir définitivement écrasé la révolution des Algériens.

Dans un contexte d’échec de la politique de recherche d’une solution pour perpétuer la présence de la France coloniale en Algérie, les Algériens qui surgirent par milliers au cœur des villes algériennes ont prouvé leur adhésion à la lutte pour l’indépendance, apporté un démenti sévère à la propagande gaulliste qui présentait le peuple algérien comme loyal à la France, et convaincu l’ONU d’inscrire à l’ordre du jour de ses travaux la question de l’autodétermination du peuple algérien.  Tout a commencé alors que le général de Gaulle entame le 9 décembre une tournée en territoire algérien destinée à promouvoir son programme destiné à favoriser l’installation d’une administration néocoloniale, qui défendrait les intérêts politiques et économiques de la France en Algérie.  Mais, alors qu’il entame sa visite par la ville d’Aïn Témouchent, De Gaulle est accueilli par des Algériens non convaincus de ce semblant d’indépendance, armés de banderoles scandant «Algérie musulmane», tandis que des Européens clamaient «Algérie française». Tout au long de son voyage officiel, prévu jusqu’au 14 décembre, les youyous fusent des maisons et les emblèmes vert et rouge apparaissent.

L’étincelle

L’étincelle des manifestations d’Aïn Témouchent, se propagea le 10 décembre à Oran, Chlef, Blida, Constantine, Annaba, pour atteindre Alger le 11 décembre au cours desquelles le peuple portait les mêmes slogans. Le voyage officiel, prévu du 9 au 14 décembre, évite les grandes villes les plus dangereuses, au premier rang desquelles Alger et Oran en proie aux violences et à l’émeute. à Alger le front Algérie française, un mouvement anti indépendance, appuyé par l’OAS, ordonne une grève générale très suivie par la population européenne qui entreprend en même temps une véritable chasse à l’arabe.  De jeunes manifestants français affrontent les CRS et les militaires. Le 11 décembre en réponse à ces actes crapuleux, c’est autour des Algériens de manifester massivement. Hommes, femmes et enfants investissent les quartiers européens en brandissant l’emblème national «Vert et blanc, avec croissant et étoile», bravant l’interdiction qui leur a été faite par les parachutistes appelés en renfort.  Les violences gagnent de nombreux quartiers européens comme la rue Michelet (actuellement rue Didouche Mourad), et particulièrement Bab El Oued et Belcourt, où les Européens armés de fusils tirent sur les manifestants algériens. Charles de Gaulle autorise l’armée à ouvrir le feu sur les manifestants, tuant au moins 260 personnes. La première victime algérienne avait pour nom Saliha Ouatiki, 12 ans, abattue par des tirs de colons.  Résultat : le projet de De Gaulle est remis en cause par cette révolte populaire du 11 décembre 1960 au moment où l’Assemblée générale de l’ONU a, le 20 décembre 1960, adopté une résolution reconnaissant le droit du peuple algérien à l’autodétermination et à l’indépendance et la nécessité d’entamer un dialogue algéro-français pour trouver une solution pacifique sur la base de l’unité territoriale.

A. R. 

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Tebboune souligne les leçons de cet événement : «Un indice inéluctable de la fin du colonialisme»

Le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, a adressé un message aux Algériens à l’occasion du 61e anniversaire des manifestations du 11 décembre 1960. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a souligné que ces évènements «ont été, du point de vue organisationnel, une preuve édifiante de la force de notre glorieuse Révolution et un indice inéluctable de la fin du colonialisme».

L’espoir aux peuples opprimés

Sur le plan diplomatique et médiatique, ces manifestations ont « conforté les positions du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et donné de l’espoir aux peuples opprimés, après l’adoption par l’Assemblée générale des Nations unies, lors de sa 15e session, d’une résolution appelant à la décolonisation et déclarant que la sujétion des peuples à une domination et à une exploitation étrangère constitue un déni des droits fondamentaux de l’homme, et est contraire à la Charte des Nations unies et compromet la cause de la paix et de la coopération mondiales», a-t-il ajouté. «Ce même jour de l’année 1960, les enfants (filles et garçons) du peuple algérien ont participé à des manifestations massives à travers la plupart des régions du pays, à l’appel du Front de libération nationale, scandant tel un seul homme que le peuple algérien a atteint dans sa marche vers la liberté et l’indépendance un point de non retour», a rappelé le président de la République.

Le message sacré de nos héros

A cette occasion, le Président Tebboune a également mis en avant «la symbolique de l’organisation, dans la wilaya de Naâma, des célébrations officielles de ce mémorable anniversaire qui coïncident avec la tenue du colloque national sur «le symbole de la résistance populaire dans le sud ouest cheikh Bouamama», qui a dirigé une résistance populaire et levé haut l’étendard de la lutte pour défendre l’honneur de sa patrie et de sa nation dans notre grand sud ouest». Il a en outre souligné que ce colloque était «l’occasion de s’incliner à la mémoire d’un homme unique et singulier au regard de son savoir, de ses œuvres, de sa foi et de sa résistance», le qualifiant de «chef charismatique et clairvoyant, d’homme politique chevronné et visionnaire, doué de capacités exceptionnelles dans l’organisation stratégique et la planification militaire». Le Président Tebboune a également affirmé que «le message sacré que nous ont légué notre héros Cheikh Bouamama et tous les héros de notre résistance populaire ainsi que nos martyrs, est lourd de sens. Il exige d’unifier les rangs et de se tourner vers l’avenir, et de faire de la cohésion des enfants d’Algérie avec l’Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN), une force unifiée capable de relever les défis et de consacrer les nobles valeurs et les idéaux de notre peuple à travers les époques et les siècles».

Sensibiliser à notre glorieuse histoire

En situant la commémoration de cet événement, cette année, qui a lieu dans le contexte de la célébration  du  60e anniversaire de la fête de l’indépendance, le président Tebboune a souligné la nécessité de «nous préparer à fêter cet événement mémorable qui consacre le 0recouvrement de la souveraineté nationale». Le président de la République a appelé à ce propos «tous les secteurs, les institutions, et tous les acteurs de la société civile à l’élaboration de programmes à la hauteur de cet événement, par fidélité à notre mémoire et en reconnaissance des sacrifices des martyrs», relevant la nécessité de «saisir cette occasion pour mettre l’accent sur la nécessité de sensibiliser les nouvelles générations à notre glorieuse histoire et de consacrer notre attachement à la mémoire de notre nation».

A. R.

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