25e Salon international du livre d’Alger : L’édition de tous les défis

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SILA

/Deux ans d’absence et le voilà de retour, le Salon international du livre d’Alger, qui célèbre sa 25e édition, ouvrira ses portes dès aujourd’hui au Palais des expositions des Pins maritimes. Véritable lieu de pèlerinage des amoureux des lettres, le SILA prévu du 24 mars au 1er avril, connaîtra cette année une participation record de 1.250 exposants en provenance de 36 pays dont 324 de pays arabes avec l’Italie comme invité d’honneur.

Du côté locale, même si le taux de participation des maisons d’édition algériennes a baissé de 12% comparé à la dernière édition, leur nombre s’élèvera à 266. Fortement impacté par la pandémie du coronavirus, ils ont accueilli à bras ouverts cette manifestation culturelle et populaire qui va permettre sans doute une certaine relance de leur activité. Conscients des temps durs que traversent ces derniers, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné l’exonération des frais de location des stands pour toutes les maisons d’édition participant au Sila.  Une décision qui a été fortement saluée même si certains avaient déjà payé leurs stands des mois à l’avance et qui attendent maintenant qu’on les rembourse. Autre cadeau du gouvernement, l’exemption des participants des taxes douanières afin que les prix des livres soient abordables pour les lecteurs. Des facilitations qui traduisent la volonté des autorités de faire de cet événement le plus grand rendez-vous culturel de l’année. «Nous sommes convaincus que cette 25e édition du Sila permettra aux professionnels du livre de se rattraper, après la grosse perte de ces deux années, nonobstant le marasme que connaît le secteur du livre en Algérie», a déclaré Mohamed Igureb commissaire du Sila en indiquant que «les prix des livres seront hyper intéressants».

300.000 ouvrages, une cinquantaine d’activités…

En plus des 300.000 ouvrages qui seront disponibles, le Sila, c’est aussi une cinquantaine d’activités culturelles  dont des  hommages à  Réda Houhou, Larbi Tebessi, Rabia Bouchama, Mouloud Feraoun, etc. Des évocations se feront pour des hommes de culture qui nous ont quittés, tels Mouloud Achour, Abdelmadjid Merdaci, Hadj Miliani ou encore Lamine Bechichi. De grands auteurs arabes sont aussi attendus, à l’instar d’El Habib Selmi de Tunisie, Jalal Barjes de Jordanie, Amal Chourab d’Algérie, Bothayna Alessa du Koweït… Coïncidant avec le 60e anniversaire de l’indépendance, le Sila est consacré au thème «Mémoire et histoire». Dans ce sens, on y prévoit un retour sur la journée historique du 19 mars 1962 consécutive aux Accords d’Evian en plus d’une rencontre sur « l’édition, l’Histoire et le livre de mémoire » animée, entre autres, par les historiens Dahou Djerbal et Fouad Soufi. La cause de l’indépendance algérienne en Italie sera aussi abordée pour faire découvrir des personnalités représentatives des solidarités italiennes en faveur de l’Indépendance de l’Algérie. Il sera question notamment d’Enrico Mattei (1906-1962) et de Taïeb Boulahrouf (1923-2005), représentant du GPRA à Rome en 1958. Toujours dans le cadre des activités liées à l’histoire, les organisateurs proposent une table ronde, « L’Emir Abdelkader et l’écriture » dédiée à œuvre considérable de cette illustre personnalité, entre la poésie, essais spirituels ou philosophiques, et correspondances. De son côté, l’Italie invitée d’honneur affiche une riche programmation avec la rencontre algéro-italienne des professionnels du livre, mais aussi la rencontre sur les passerelles linguistiques, cinématographiques et théâtrales qui sera marquée également par un cycle de films italiens à la Cinémathèque algérienne.

W. S.

Bachir Mefti (éditions El Ikhtilaf) : «Le Sila est l’unique occasion pour les éditeurs de faire des ventes»

Auteur et éditeur, Bachir Mefti, qui est à la tête des éditions El Ikhtilaf fait partie des inconditionnels du Salon international du livre. Passionné par son métier et lecteur insatiable, il considère le Sila comme une véritable célébration du livre surtout que cela intervient après une interruption de deux ans qui a presque mis à mort le marché du livre algérien. «La crise sanitaire a eu un impact négatif sur le lectorat algérien et le marché du livre, l’activité des maisons d’édition était carrément à l’arrêt», dit-il, avant de poursuivre : «Le Salon international du livre est l’unique occasion pour les éditeurs de faire des ventes, un roman imprimé à 1000 exemplaires peut être vendu à 300 exemplaires lors du Sila. Le retour de cet évènement majeur ne peut être que bénéfique pour le marché du livre algérien qui a stagné ces deux dernières années», estime l’éditeur. Cependant, malgré l’euphorie qui plane dans les airs quant au retour du Sila, notre interlocuteur nous a confié avoir quelques craintes quant à la réussite de cette 25e édition pour des raisons purement financières. Il évoque d’abord l’augmentation du prix du livre mais aussi le timing choisi pour la tenue de cet évènement. «Avec la baisse de la valeur du dinar et la hausse du prix du papier, il faudra s’attendre à une augmentation de près de 30% sur le prix du livre. Le roman qui coûtait 500 DA, il ya 3 ans de cela, sera présenté à 800 DA», explique-t-il. Aussi, l’éditeur a indiqué que l’organisation du Sila, à la veille du ramadan, peut être un facteur rédhibitoire. «En cette période-là , le budget familial est consacré au f’tour et non pas au livre», lance-t-il en ajoutant : «Heureusement que le Sila peut compter sur les 2% de la population qui attendent le Salon de pied ferme pour faire le plein de livres.» Saluant les facilitations offertes par le gouvernement pour permettre à un maximum d’éditeurs algériens et étrangers de prendre part au Sila, Bachir Mefti nous a fait part de la présence de grandes maisons d’édition du monde arabe venues, notamment du Liban et d’Egypte.

W. S.