À la découverte de l’histoire des raïs de la régence d’Alger

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Des frères Barberousse à raïs Hamidou, la réputation de la marine de la régence d’Alger a fait écho sur la Méditerranée durant les trois siècles de l’empire ottoman. Le taïfa des raïs d’Alger était connue pour son habileté à naviguer et sa grande artillerie. Au bord du redoutable chebec, ces corsaires ont navigué dans les mers les plus troubles et ont remporté de grandes batailles navales. Ce pan de l’histoire est à découvrir au palais des raïs, à travers l’exposition « les princes de la mer ou ces marins-sultans ».

La scénographie de l’exposition est pensée de telle manière à reconstituer tout l’univers de la marine de la régence d’Alger. Grâce aux panneaux explicatifs, le visiteur découvre les différents types de navires qui constituaient la flotte de la régence d’Alger. Les forts à travers le pays. Les armes des raïs. Les biographies des plus célèbres, notamment Ali Piccini, Raïs Hamidou et les frères Barberousse.

Pour apprécier ce circuit d’exposition, il faut faire preuve d’imagination. Le lieu aide fortement à replonger dans ce passé. Le bastion 23 est l’unique témoin du prolongement de la Casbah à la mer. La vue qu’il offre aide aisément à reconstituer le port au temps des corsaires.

« La marine de la régence d’Alger était célèbre grâce à ses raïs et les moyens militaires dont elle disposait. L’Algérie avait plusieurs fabriques d’armement sur tout le territoire. La preuve est le redoutable canon Baba Merzoug, fabriqué dans la fonderie de Bab El-Oued. C’est le plus grand canon dans le bassin méditerranéen, connu pour sa masse imposante et ses qualités de tir », souligne le guide Djabali Abdelhakim.

Les raïs et même les soldats de la marine étaient équipés de différentes armes, notamment le mousqueton qui est un fusil court, les sabres appelé les yatagans, des poignards, des pistolets…

En déambulant dans les différentes ailes de l’exposition, on découvre des parchemins qui servaient à écrire des correspondances ou sceller des accords, des instruments de navigation comme les lampes à huile ou encore des boussoles.

Une pièce maîtresse, le chebec

Au milieu de l’exposition trône une reconstitution du célèbre chebec. Ce qui fait sa réputation est sa maniabilité et sa vitesse. Ce navire, à trois voiles, faisait la fierté de la construction navale algérienne durant la période ottomane.

« Le chebec, une innovation algérienne, pouvait accueillir un équipage de 30 personnes, entre 20 et 30 canons et pouvait porter une charge estimée à 400 t », informe le guide.

Les livres d’histoire autour de la marine de la régence d’Alger racontent les prouesses du chebec, cependant ce navire disparaît avec la colonisation ainsi que toute preuve tangible de son existence. Sur les panneaux explicatifs, le visiteur découvre que la flotte se composait de différents voiliers. Parmi ces navires, il y a la Galeotta, le Galion, le Brick, le navire Ghalia, etc.

Les raïs, maîtres de la mer

La statue monumentale de Raïs Hamidou, érigée dans le parc public de Bab El-Oued, donne un aperçu de l’habillement des raïs. La calotte sur la tête était entourée d’un turban blanc qui est en réalité un linceul. Si le raïs venait à mourir en mer, il serait enseveli dans ce tissu blanc.

« La reconstitution de l’habit du raïs est importante dans cette exposition. Cette histoire autour du linceul montre que le raïs était un homme de courage dont la vie est menacée à tout moment », précise le guide.

Une aile de l’exposition est justement réservée à la tenue vestimentaire des raïs. Ces maîtres de la mer portaient une chemise en lin, maintenue à la taille avec une ceinture. Par-dessus, ils portent un gilet boutonné. Le pantalon arrive souvent au niveau des genoux et par-dessus une cape.

L’exposition déroule la biographie des raïs qui ont marqué l’histoire de la marine algérienne. Kheireddine Barberousse, connu sous le nom de Baba Arroudj, le premier de tous, fondateur de la régence d’Alger. Raïs Oldja Ali, devenu en son temps amiral en chef de toute la flotte ottomane. Un renégat d’origine italienne converti à l’islam.

Piri Ibn Haji Mehmed, surnommé Piri Reis, à qui on doit les cartes maritimes utilisées jusqu’à ce jour. Raïs Hamidou, le plus célèbre, un des rares raïs d’origine algérienne et enfin Ali Bitchin, dont la mosquée éponyme est classée patrimoine mondial de l’Unesco.

Cette plongée dans l’histoire de la marine algérienne se termine par la découverte des drapeaux autrefois hissés sur les navires des raïs. Celui de Arroudj attire particulièrement l’attention. Son symbole : sa main coupée portant la célèbre épée d’Ali Zulfikar.