Alger jette les bases d’un cartel du gaz

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PAR NABIL M.

Les pays membres du forum ont exprimé, dans la déclaration d’Alger, leur détermination à renforcer les rangs et conforter la coopération en vue de défendre leurs intérêts communs et maintenir la fiabilité et la résilience des systèmes de gaz naturel. C’est un véritable coup de robustesse et d’autorité qui a été donné aux pays producteurs de gaz rassemblés sous l’organisation du Gecf, en affichant clairement, à l’occasion du 7e sommet d’Alger, leur détermination à renforcer le rôle du forum, tout en soulignant sa contribution à la sécurité, à l’équité et à la pérennité énergétiques mondiales. Ils se sont donné le mot pour redoubler d’effort, afin de gérer efficacement les ressources gazières naturelles des pays membres et encourager leur utilisation, dans le but de promouvoir un développement durable qui profite à la fois aux producteurs et aux consommateurs.

Ainsi et pour maintenir la fiabilité et la résilience des systèmes de gaz naturel, les pays producteurs se sont mis d’accord pour renforcer la coopération en vue d’offrir un approvisionnement efficace et fiable en gaz naturel et étendre l’utilisation de cette énergie pour un développement durable, tout en appelant à des investissements opportuns pour la stabilité du marché. L’ancien ministre algérien Abdelaziz Rahabi souligne dans un média espagnol que « lors de ce sommet, on a considéré que le gaz était une matière première relativement propre et pleine d’avenir, alors que les pays occidentaux qui considéraient cette énergie comme polluante ont changé d’avis à mesure que la production mondiale en Ukraine a changé ».

Ainsi, l’objectif du sommet, dont les membres possèdent 70% des réserves mondiales de gaz et représentent 47% des exportations de gazoducs, est de « promouvoir la coopération pour restaurer la confiance entre producteurs et consommateurs et garantir la stabilité du marché, non seulement par rapport aux fondamentaux économiques, mais aussi par rapport aux tensions géostratégiques qui peuvent perturber le marché », estime pour sa part l’expert économique Abderrahmane Mebtoul, qui met en exemple les récentes sanctions européennes contre la Russie et les tensions en mer Rouge.

La nécessité de l’instauration d’un «bloc»

Le 7e sommet du Gecf, qui a été sanctionné par la déclaration d’Alger, a tiré sa réussite en se plaçant à la hauteur des aspirations des chefs d’Etat et gouvernement des pays participants, en satisfaisant un bon nombre de leurs attentes. Cela n’empêche que la création d’un cartel du gaz soit une idée défendue par plusieurs experts du secteur gazier et demeure la meilleure solution pour faire face aux perturbations géopolitiques et aux agitations du marché gazier.

A l’instar des autres experts, le conseiller en énergie auprès de la banque mondiale, Mamdouh Salama, avait défendu l’idée selon laquelle les membres du forum des pays exportateurs de gaz aboutissent à un consensus et créer un cartel dans le but de préserver les intérêts des pays membres et assurer la stabilité du marché gazier. Il a mis en avant la nécessité de créer une organisation des pays exportateurs de gaz dans un avenir proche, à l’image de l’Opep (organisation des pays exportateurs de pétrole), avez l’objectif de sauvegarder les intérêts des pays producteurs et consommateurs de gaz.

Cette impérative initiative d’un bloc rassemblant les pays exportateurs de gaz, dont le sommet d’Alger a réussi à planter le décor, devient une nécessité du fait qu’au niveau international, chaque pays adapte sa propre politique énergétique en fonction de ses ressources d’énergie, de sa demande énergétique interne et de ses besoins d’investissements, afin de préserver son économie. Ce qui constitue une menace pour le
marché gazier, car au niveau géostratégique, les Américains, en optant pour l’exploitation du gaz de schiste, viennent bouleverser en profondeur le marché énergétique mondial.

N. M.