Alger s’inscrit dans une perspective de développement de la région : Le Sahel, entre prédation et investissement économique

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Le premier ministre a rappelé l'approche et la vision de Tebboune : Initiatives et expertise algériennes au service du Sahel

PAR DJILALI B.

La région du Sahel apparaît comme le parent pauvre des investissements étrangers en Afrique. Le Sahel n’a pas capté d’intérêt de la ruée vers le continent ces dernières années. A l’exception notable de l’intérêt géostratégique. Il va sans dire que les questions sécuritaires qui focalisent l’attention de certaines puissances ne peuvent être d’un apport immédiat pour les besoins des pays de cette région désertique en proie à l’instabilité politique et au terrorisme.

Mais les intentions des puissances sont entravées par deux facteurs majeurs. Le terrorisme qu’il faut combattre et éradiquer avant de pouvoir lancer des programmes de développement que d’ailleurs ces puissances ne seraient pas forcément disposées à financer. Notamment les projets d’infrastructures et socioéconomiques. La méconnaissance totale de la région qui peut s’avérer un facteur handicapant. Dans une telle situation, l’union africaine a décidé de consacrer un chapitre à l’intégration économique dans le continent, en préconisant entre autres des zones de libre-échange. Mais l’intérêt pour l’instable région du Sahel demeure assez maigre.

Ce qui explique l’intérêt de l’Algérie pour cette région située dans son voisinage immédiat ; un intérêt sécuritaire et politique, mais aussi un intérêt économique, en ce sens que le développement de la région est fait pour éliminer les principales causes de la radicalisation et du terrorisme. Sur les questions sécuritaires, la région s’est dotée de mécanismes communs de lutte contre le phénomène mais aussi d’accords de coopération bilatérale. Au plan économique, les potentiels investisseurs ne se bousculent pas. Parce que dans le cas précis de cette région, il s’agit d’avoir la volonté et l’audace pour entreprendre des actions volontaristes pour ne pas dire des investissements à risque. Et l’Algérie, faut-il le souligner, s’est investie dans cette démarche qui vise à désenclaver cette zone qui ouvre la porte de sa profondeur africaine.

Parmi ses initiatives, vient en tête la transsaharienne qui relie Alger à Lagos en passant par le Niger avec un démembrement par Mali. La première partie est quasiment achevée. Et parallèlement, cette immense infrastructure est accompagnée par le projet de gazoduc Nigal, Lagos Alger, en passant par le Niger et dont la réalisation, au même titre que le tronçon routier, est prise en charge par l’Algérie. En raison des difficultés financières du Niger. Ces deux infrastructures sont également accompagnées par une boucle de fibre optique, programmée depuis des années par Alger. C’est dans le même esprit que le pays a projeté de créer cinq zones franches à ses frontières, alors que l’activité du troc avec certains pays a été autorisée. Il est ainsi prévu de créer des zones franches avec la Mauritanie, le Mali, le Niger, la Libye et la Tunisie. Cette initiative s’intègre dans le projet africain avalisé par l’UA pour l’intégration économique entre les pays du continent.

Le pays accompagne par des mesures incitatives les opérateurs nationaux pour exporter vers le continent, participer aux foires, être présents en permanence dans certains pays, alors que certains pays comme la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, le Soudan, l’Ethiopie, entre autres, sont déjà en pourparlers avec des industriels algériens pour s’implanter chez eux. Seront ils certainement accompagnés par les banques algériennes qui commencent à ouvrir des succursales dans certains de ces pays. Après son retour sur le « champ » libyen, l’Algérie a élargi ses investissements dans le domaine de l’énergie. En plus de l’extension des périmètres de sa prospection à d’autres régions en Libye, Sonatrach a inscrit 442 millions de dollars d’investissement pour la période 2024-2028, au Niger et au Mali, avait indiqué récemment le ministre de l’énergie. Il y a lieu de rappeler aussi la mise à disposition par l’Algérie, pour des investissements dans le continent d’une enveloppe d’un milliard de dollars. Et pour boucler cette stratégie d’ouverture sur le continent, l’Algérie a également mis en place un programme de logistique, notamment à travers l’ouverture de nouvelles dessertes aériennes et maritimes, un élément essentiel pour compléter pratiquement cette vision africaniste de l’Algérie.

Vision qui d’ailleurs tranche nettement avec une concurrence prédatrice en ce sens qu’elle suit l’exemple des puissances, dont le seul souci est le profit, en investissant – et le terme est trop fort – dans les seuls services à forte valeur ajoutée. Qui ne produisent absolument rien ni ne créent de développement économique et encore moins d’emplois. Deux exemples d’investissements que les autorités des pays de la région sauront analyser et apprécier.

Dj. B.