Algérie, Tunisie, Libye : L’énergie, levier de puissance

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Début des travaux de la réunion consultative entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye

Par Abdellah B.

Le positionnement sur la scène internationale passe inéluctablement par le renforcement des rangs d’un côté, et de l’autre la mise en valeur des atouts importants dont disposent les pays de la région pour faire valoir leurs intérêts communs. La nouvelle alliance qui se forme actuellement entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye dispose d’une carte maîtresse qui pèse lourdement dans la reconfiguration de la cartographie géopolitique mondiale et leur confère la possibilité de s’imposer sur la scène en tant qu’acteurs clés : le dossier énergétique.

En fait, sur le plan régional, cette alliance algéro-tuniso-libyenne est d’une importance cruciale pour la région sud de la Méditerranée mais aussi pour le nord. Outre leurs potentialités énergétiques confirmées, les trois pays se positionnent aujourd’hui comme de potentiels acteurs énergétiques sur le marché futur de l’union européenne pour le gaz et l’hydrogène vert. Et pour mener à bien cette bataille de positionnement, les trois présidents qui se sont réunis avant-hier à Carthage, en Tunisie, se sont entendus sur l’impératif du renforcement de la coopération dans ce secteur stratégique. En effet, les trois pays disposent d’atouts leur permettant de jouer un rôle crucial dans l’avenir en matière d’approvisionnement du marché européen en différentes ressources d’énergie en allant du gaz jusqu’à l’hydrogène vert et l’électricité verte, en tirant profit de l’existence à la fois du marché et des infrastructures de transport en phase d’adaptation pour la canalisation des énergies nouvelles.

Pour le gaz, l’Algérie et la Libye sont actuellement en passe de développer leur coopération dans le domaine à travers l’échange d’expérience entre Sonatrach et la société libyenne des hydrocarbures, mais aussi dans le domaine d’exploration suite à la reprise de l’activité du groupe public de ses activités dans la région récemment.  Les deux pays réunis représentent aujourd’hui une puissance gazière dans la région en matière de production et de réserves exploitables, ce qui d’ailleurs a suscité l’intérêt des grands acteurs énergétiques européens à investir dans la région, dans le cadre de la politique de l’EU portée sur la diversification de ses importations. Depuis près de deux années, les regards sont tournés vers l’Algérie et la Libye, comme c’est bien le cas des géants pétroliers ENI, Total Energies, l’allemand Winter Shall Dea, ou encore Cepsa et Repsol et d’autres pour répondre aux besoins énergétiques du vieux continent.

Hydrogène vert, un autre atout stratégique

De l’électricité verte à l’hydrogène vert, jusqu’au gaz, la région regorge d’importantes potentialités lui permettant de jouer un rôle d’acteur principal dans le scénario énergétique européen pour de longues années.  De ce fait, il n’est pas question de se contenter du rôle de fournisseur et en orientant les efforts de coopération entre les trois pays dans ces domaines pour viser le statut d’acteur clé. Un objectif qui ne serait réalisable qu’avec la maîtrise de la chaîne de production. Sur ce point en particulier, la déclaration de Carthage s’est intéressée au développement de «la coopération et l’établissement de partenariats dans le domaine de l’exploration, de la production et du stockage de produits pétroliers et dans les secteurs des mines et des énergies renouvelables et propres comme l’hydrogène vert». Il s’agit donc d’une étape cruciale dans la maîtrise de la chaîne de production en tirant bénéfice de l’expérience de chaque pays dans son domaine. Si l’Algérie et la Libye se positionnent aujourd’hui sur le marché gazier européen pour le premier et italien pour le second, le marché futur de l’hydrogène vert table beaucoup plus sur les potentialités de l’Algérie et de la Tunisie pour couvrir les besoins du marché européen en ce combustible et également pour l’électricité produite à partir de l’énergie solaire. Les deux pays sont liés avec l’espace européen par le gazoduc Transmed qui fait aujourd’hui l’objet de modernisation et d’adaptation pour le transport de l’hydrogène depuis l’Algérie en passant par la Tunisie pour finir en Italie, mais aussi par les efforts qu’ils fournissent pour le développement de cette filière, en plus de l’exportation de l’électricité verte vers l’espace européen.

A.B.