Anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures : L’Algérie, 53 ans de souveraineté

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PAR DJILALI B.

Le geste était audacieux venant d’un pays à peine sorti de plus d’un siècle de domination coloniale. Il y a 53 ans, l’Algérie décidait de nationaliser ses hydrocarbures. Le 24 février 1971, le sous-sol du pays est décrété propriété de l’Etat, prenant de court les compagnies activant dans le pays. L’Algérie avait pris option pour s’autonomiser de l’ex-puissance coloniale et de se délester de son héritage symbolique par la réappropriation de son patrimoine, notamment ses ressources minières. Elle a créé les conditions qui ont présidé à l’aboutissement de cette entreprise de nationalisation qui a surpris les Français, qui n’ont rien pu faire malgré les pressions qu’ils ont exercées pour bloquer le processus. Juste après l’indépendance, l’Algérie était déjà engagée dans le cartel de l’Opep en étant parmi les
fondateurs, avant de lancer son industrie gazière, celle-ci étant moins compliquée que celle du pétrole et parce que sachant que le pays est avant tout plus riche en gaz qu’en pétrole.

Dans son discours pour annoncer la nationalisation des hydrocarbures, le président Boumediene évoquait déjà la souveraineté de l’Algérie sur ses richesses. Un sujet toujours d’actualité, plus encore aujourd’hui dans une conjoncture marquée par des bouleversements géostratégiques et l’apparition, au grand jour, ces deux dernières décennies, de nouvelles tentatives hégémoniques pour faire main basse sur les richesses de certains pays, assises sur une stratégie de création de foyers de tension. L’Algérie a pris les devants bien avant en lançant sa propre industrie gazière au milieu des années 1960, à laquelle sera adossée plus tard la référence algérienne en matière de contrats pour l’exportation.

Ainsi, l’Algérie a créé le contrat de vente de gaz à long terme, que les partenaires étrangers ont eu à signer avec Sonatrach. Elle a introduit par ailleurs la clause imposant aux clients de payer l’intégralité du volume commandé, dans le cas où il ne veut pas atteindre le plafond du volume contractuel. Ce type de contrat a survécu jusqu’à la récente crise qui a vu les prix fléchir avant de rebondir et induire sa révision. Une aubaine pour les pays consommateurs qui ont inversé le contrat type algérien, en introduisant à leur tour le paiement des volumes manquants en cas d’incapacité à les approvisionner. Le pays a contourné cet obstacle, durant la décennie noire où les investisseurs avaient boudé le pays, en s’approvisionnant de la Russie pour honorer ses contrats avec ses partenaires. La guerre en Ukraine a introduit d’autres paramètres dans ce marché qui a connu un immense bouleversement. Grande consommatrice de gaz russe, l’Europe occidentale se voit amputée d’un important volume en raison de l’explosion des deux gazoducs Northstream 1 et 2 et des sanctions infligées à la Russie après son opération spéciale en Ukraine.

A court de ce précieux gaz, la communauté des consommateurs s’est retournée vers l’Algérie et les pays du Golfe pour suppléer la Russie. Ayant déjà investi dans les infrastructures et dotée d’une industrie bien huilée, l’Algérie s’est positionnée en alternative
pour les clients historiques, la France, l’Espagne et l’Italie, en s’engageant à leur éviter un hiver sans chauffage. Elle a ainsi prouvé sa fiabilité et, de l’avis des partenaires européens, a été une garantie et une assurance en matière d’approvisionnement. Cela s’est d’ailleurs répercuté sur les investissements étrangers dans le secteur qui ont connu une nette croissance. Et partant de ces paramètres et de ses atouts, l’Algérie continue d’exprimer et de faire valoir sa souveraineté énergétique avec la même volonté qu’en 1971 et le même engagement envers ses partenaires. Il leur fallait le voir, il y a 53 ans déjà !

D. B.