Après avoir dit non au texte américain, elle prépare un nouveau projet de cessez-le-feu à Ghaza : Comme promis, l’Algérie revient à la charge

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PAR AMAR R.

LA DIPLOMATIE algérienne continue inlassablement à faire pression sur la communauté internationale, notamment le conseil de sécurité de l’ONU, pour mettre un terme aux massacres systématiques par l’armée d’occupation sioniste dans la bande de Ghaza. Au lendemain du rejet d’un texte américain, l’Algérie a préparé avec 7 autres pays, parmi les dix membres non permanents du conseil (Algérie, Malte, Mozambique, Guyana, Slovénie, Sierra Leone, Suisse, Equateur), un autre projet de résolution, dans un précédent dans les annales de cette institution qui est paralysée par les vetos successifs des Etats-Unis, dont le plus récent est celui présenté par l’Algérie le 20 février dernier et qui exigeait un cessez-le-feu immédiat.

La dernière version vue par l’AFP, soutenue par le groupe arabe, « exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat pour le mois de ramadan (…), menant à un cessez-le-feu durable », à l’offensive sioniste à Ghaza qui a fait plus de 32.000 morts, selon le ministère de la santé palestinien. Il réclame aussi la libération « inconditionnelle » des otages et la levée de « tous les obstacles » à l’aide humanitaire. Ce nouveau projet de résolution préparé par l’Algérie survient pour concrétiser la déclaration du représentant permanent de l’Algérie auprès des nations unies qui avait clamé « nous reviendrons » après l’échec du premier projet en raison du veto américain, et pour exprimer le soutien clair envers les Palestiniens et une condamnation de l’agression continue perpétrée par l’occupant sioniste.

Report du vote

Ce projet de résolution, dont le vote était programmé d’abord hier, a été reporté à demain, afin de donner plus de temps aux consultations et aux négociations entre membres du conseil de sécurité et ainsi éviter l’échec de ce projet humanitaire. Selon les observateurs, il est question d’un vote dont l’issue est incertaine en raison de réticences affichées par les Etats-Unis, après qu’Alger, Moscou et Pékin ont uni leurs voix, lors de la session du conseil de sécurité du vendredi 22 mars, pour mettre leur veto à une demande américaine de cessez-le-feu à Ghaza. L’Algérie, en tant que fervent défenseur de la cause palestinienne, a voté contre cette résolution trompeuse dont la formulation aurait permis à l’entité sioniste de poursuivre son agression contre le peuple palestinien, rejetant ce texte qui ne répondait pas à ses aspirations, et qui sert l’agenda de l’entité sioniste et de l’Amérique dans la région, selon la déclaration du représentant permanent algérien.

Pour leur part, le blocage a été salué par le Hamas : « Nous exprimons notre satisfaction à l’égard de la position de la Russie, de la Chine et de l’Algérie qui ont rejeté la résolution américaine biaisée », a communiqué le mouvement, dénonçant notamment la « formulation trompeuse » de ce texte.

L’appel de Guterres

En effet, le texte américain n’appelait pas explicitement à un cessez-le-feu immédiat,  utilisant une formulation estimée ambiguë par les pays arabes, la Chine et la Russie, laquelle a dénoncé le « spectacle hypocrite » des Etats-Unis pendant que Ghaza est « quasiment effacée de la carte ». « Si les Etats-Unis sont sérieux quant à un cessez-le-feu, alors votez pour l’autre projet », a lancé l’ambassadeur chinois Jun Zhang. Mais l’ambassadrice américaine Linda Thomas Greenfield a mis en garde contre le risque pour les efforts diplomatiques sur le terrain en vue d’un accord de trêve en échange de la libération des otages. Un argument utilisé lors du dernier veto américain, fin février. « Dans sa forme actuelle, ce texte ne soutient pas les efforts diplomatiques sensibles dans la région. Pire, il pourrait donner une excuse au Hamas pour rejeter l’accord sur la table », a-t-elle prévenu vendredi. Les Etats-Unis ont donc demandé des modifications du texte, ont indiqué à l’AFP plusieurs sources diplomatiques vendredi soir.

Dans la perspective de cette tentative d’imposer un cessez-le-feu à Ghaza, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à un « cessez-le-feu humanitaire » immédiat. « Rien ne justifie les attaques horribles du Hamas le 7 octobre. Et rien ne justifie la punition collective subie par le peuple palestinien. Maintenant plus que jamais, il est temps d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat », a-t-il lancé alors qu’il était en visite hier en bordure de la bande de Ghaza, côté égyptien de Rafah. Ce qui a fait réagir le ministre sioniste des affaires étrangères qui a qualifié sur X samedi l’ONU d' »organisation antisémite anti-israélienne », sous la direction de son secrétaire général.

A. R.