Automobile: «Des négociations sont en cours pour Peugeot et Citroën»

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Peugeot Algérie

De notre envoyé spécial à Paris, Brahim Aziez

Lors de la signature de l’accord de partenariat entre le gouvernement algérien et le constructeur italien Fiat, pour l’édification d’une usine de fabrication de véhicules en Algérie, le patron du groupe Stellantis (dont Fiat fait partie) s’était engagé à fournir au marché algérien les meilleurs véhicules de la gamme Fiat. Carlos Tavares, qui s’était déplacé à Alger pour l’occasion, avait assuré qu’aucun effort ne sera ménagé pour satisfaire les consommateurs algériens.

Cette déclaration nous a été confirmée par un responsable du groupe Stellantis, qui a préféré garder l’anonymat, que nous avons rencontré à Paris lors du Mondial de l’automobile, lequel nous avait affirmé que le site qui devait accueillir l’usine PSA Algérie à Oued Tlélat (Oran) allait être récupéré pour Fiat. «Peugeot et Citroën font partie du groupe Stellantis, mais il s’agit là d’une usine Fiat qui n’a rien à voir avec le projet précédent», nous a-t-il été avoué.

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Pour ce qui est des modèles qu’on pourrait voir sortir des chaînes de production algérienne vers la fin 2023, ce dernier s’est contenté de dire qu’il s’agira des plus récents, avec les motorisations les plus adaptées pour notre marché.

En assistant à l’ouverture du 89e Mondial de l’automobile de Paris, nous avons pu découvrir les nouveautés des marques présentes (françaises, chinoises et vietnamiennes), mais surtout les tendances à venir. Des tendances qui vont vers le tout-électrique, l’hybride (essence/électrique), l’hybride rechargeable, mais aussi l’hydrogène. Rares étaient les modèles qui présentaient des variantes de moteurs thermiques (essence, diesel ou éthanol). Il en est de même pour les dernières nouveautés des autres constructeurs mondiaux qui n’étaient pas présents au Mondial parisien, mais qui ont lancé de nouveaux modèles avant, pendant et après le grand show automobile.

Il devient clair qu’il sera très difficile pour un constructeur automobile d’arrêter une gamme de motorisations (et même de plateformes) pour le marché algérien qui ne correspond pas vraiment aux spécificités locales : notre carburant équivaut à la norme de dépollution européenne Euro 4 alors que l’Euro 7 pointe à l’horizon de l’Union européenne, les gouvernements des pays membres de l’UE «poussent» vers l’électrification à travers des primes et autres interdictions de circuler dans les centres urbains aux véhicules diesel, et l’arrêt de la production de véhicules thermiques qui sera effective dès le 1er janvier 2035. Un ensemble de mesures qui a poussé les constructeurs à orienter, depuis plusieurs années déjà, leurs projets et centres de recherche et développement (R&D) vers l’électrique et l’hydrogène particulièrement.

Il y aura toujours des usines implantées en Turquie, en Amérique latine, en Asie, en Inde et en Afrique qui continueront à produire pour les marchés locaux à des normes bien moins contraignantes que celles en vigueur en Europe.

«Vous en saurez davantage à partir du 15 novembre prochain»

Voulant en savoir un peu plus sur les intentions des constructeurs français Peugeot et Citroën de s’implanter en Algérie (comme cela devait se faire initialement avant que tout ne soit gelé par le gouvernement algérien), notre interlocuteur confirmera que les négociations sont en cours et que rien n’est exclu. «Vous en saurez davantage à partir du 15 novembre prochain», s’est-il contenté de nous lancer, même sous le couvert de l’anonymat, prenant toutefois le soin de nous rappeler que dans deux ans Peugeot-Citroën et Fiat partageront les mêmes plateformes. Donc, de fortes possibilités que cette même usine puisse accueillir, dans le futur, la production des modèles des deux marques françaises.

Des discussions qui se révèlent, selon notre source, serrées cette fois-ci, avec un panel de représentants de différents ministères algériens qui «maîtrisent le sujet et savent ce qu’ils veulent.»

Renault toujours en course

Premier à s’être officiellement (et concrètement) engagé sur le marché algérien avant de voir ses premiers efforts freinés après 5 années de production, l’autre constructeur français, Renault, n’est pas pour autant prêt à lâcher le marché algérien. L’unité d’assemblage d’Oued Tlélat (Oran, toujours) a repris ses activités ces derniers jours, mais il s’agit surtout de finir l’assemblage des quelques milliers de kits restés en souffrance. Mais selon Fabrice Cambolive, le PDG de la marque au losange que nous avons rencontré à Paris, les discussions se poursuivent, et il serait prématuré de s’avancer sur ce sujet, la confidentialité étant de rigueur.

Par contre, à voir les nouveaux modèles de Renault qui viennent d’être lancés (ou qui le seront dans un futur proche), il serait difficile d’envisager leur production en Algérie. Reste la carte Dacia, mais là aussi le problème des tensions qui pèsent sur les usines roumaines du fait de l’éclatant succès de cette marque en Europe, l’exercice serait quelque peu délicat, surtout quand on sait que le délai d’attente pour un Duster en France peut dépasser 12 mois. Oui, plus d’une année. Une sorte d’équation à variables multiples pour le constructeur français dont l’histoire avec l’Algérie reste particulière. En effet, l’ancienne régie a érigé sa première usine hors de France en 1958, et c’était en Algérie (El-Harrach, à Alger).