Défi de débureaucratisation du secteur de l’agriculture : Ce que préconisent les experts

0
148
«L'agriculture doit être l'affaire des agriculteurs»

PAR M. MANSOUR

La volonté de réduire la dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures se manifeste par une attention renforcée envers plusieurs secteurs, au sein desquels l’agriculture occupe une place prépondérante. Cette démarche confère à ce dernier un rôle essentiel au sein de la vision économique présidentielle, soulignant la nécessité de débureaucratiser sa gestion. Afin d’éclairer de manière pertinente cette question, notamment en ce qui concerne l’impératif de débureaucratisation et de modernisation de la gestion de ce secteur, nous avons sollicité les avis éclairés des experts Mohamed Hamidouche et Akli Moussouni.

Le défi de la débureaucratisation, de même que celui de la modernisation de la gestion du secteur agricole, ont été au centre des discussions du conseil des ministres, dimanche. Au cours de cette réunion, le secteur agricole a été clairement identifié comme une priorité majeure, avec de grandes attentes quant à son potentiel. Pour cet objectif, le chef de l’Etat a préconisé la suppression des obstacles et des entraves liés à la gestion administrative et bureaucratique, et surtout il a recommandé d’éloigner ce secteur de la politique, tout en favorisant une gestion plus « technique ».

Interrogé sur les directives du président de la République lors du conseil des ministres, ainsi que sur les défis à relever pour débureaucratiser le secteur de l’agriculture, l’expert Mohamed Hamidouche a soutenu que l’éloignement du secteur de l’agriculture de la politique passera inévitablement par la transformation de l’agriculteur en opérateur économique, avec tout ce que cela implique. Selon lui, « l’agriculteur sera à l’avenir considéré comme tous les autres producteurs du secteur industriel et autres ». Et d’ajouter : « A l’avènement de cette nouvelle vision, les rapports avec l’agriculteur changeront, de même que les politiques de soutien évolueront vers des modèles plus efficaces et moins empreints d’idéologie. »

Par ailleurs, M. Hamidouche a également évoqué la question de l’obligation de résultats, soulignant que le futur modèle en gestation favorisera la transparence. « L’éloignement du secteur agricole de la politique et l’abandon de la gestion bureaucratique pourraient favoriser une meilleure régulation des prix, car chaque étape, de la production à la vente au détail, pourrait être évaluée et quantifiée », a-t-il soutenu. En ce qui concerne la transition vers un modèle de gestion plus technique, M. Hamidouche met en avant un effet positif de cette transition, en déclarant que ce changement de paradigme permettra de passer d’une « production de conjoncture », responsable des fluctuations de prix et des périodes creuses, à une production respectant les normes en matière d’organisation et de rotation agricole.

En outre, il a abordé l’importance de la collecte d’informations, qu’il juge cruciale. A cet égard, il a souligné l’importance de mettre en place un système d’information performant, qui intègre les données recueillies à la fois par les méthodes traditionnelles et par les outils technologiques, tels que l’imagerie satellite, afin de produire des estimations fiables de la production. Selon lui, il s’agit là d’un élément clé à maîtriser pour véritablement donner une impulsion au secteur agricole.

De son côté, l’expert agronome Aki Moussouni a souligné que le principal défi auquel le secteur agricole est confronté réside dans l’établissement des mécanismes de gestion économique appropriés. « Il est impératif de mettre en place les cadres juridiques nécessaires, les structures organisationnelles professionnelles adéquates, ainsi que les dispositifs de valorisation des territoires et du capital humain, ainsi que de modernisation du matériel agricole, comme étape préliminaire à tout processus de débureaucratisation. »

M. M.