Développement de la pétrochimie : Sonatrach maintient le cap

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PAR NABL M.

Le groupe Sonatrach s’est engagé fortement dans la politique de diversification de l’économie nationale, en s’appuyant sur la valorisation des hydrocarbures, notamment à travers le développement de la pétrochimie pour l’approvisionnement du marché national et réduire l’importation. La compagnie nationale d’hydrocarbures est ainsi passée à l’action, avant-hier, en signant un gros contrat avec la société italienne Tecnimont, pour la réalisation, en EPC (engineering, procurment and construction), d’un complexe pétrochimique pour la production de Linéaire Alkyl Benzène (LAB) à Skikda, une matière première essentielle entrant dans la production des détergents et des nettoyants industriels. D’un montant global de 1,05 milliard de dollars, dont 32% en dinars algériens, ce projet, qui sera réalisé dans un délai de 44 mois, permettra la production annuelle de 100.000 tonnes de LAB, couvrant ainsi les besoins du marché national en ce produit, avec l’exportation des quantités excédentaires.

S’exprimant lors d’une conférence de presse animée en marge de la cérémonie de signature de ce contrat, le PDG du groupe Sonatrach, Rachid Hachichi, a assuré qu’une fois que le projet du complexe pétrochimique pour la production de Linéaire Alkyl Benzène sera entré en production en 2027, « l’Algérie n’aura pas besoin d’importer cette matière première utilisée dans la fabrication des détergents et des nettoyants industriels et nous assurerons la satisfaction du marché national et nous pourrions même réaliser des exportations ». Il a précisé également que ce projet « s’inscrit dans la politique du chef de l’Etat de valorisation des ressources en hydrocarbures afin de produire ce qui est nécessaire pour le pays, de manière à éviter les importations et de renforcer l’industrie pétrochimique algérienne ».

«Nouveau jalon»

Hachichi a souligné que le lancement de ce projet est un « nouveau jalon dans le cadre du programme d’investissement visant le développement d’une industrie pétrochimique forte », soulignant que cet important investissement contribuera à une meilleure valorisation des produits pétroliers (kérosène et benzène) disponibles au niveau de la raffinerie RA1K de Skikda, tout en donnant un nouvel élan à l’industrie des détergents et de ses dérivés dans notre pays. Il a relevé, en outre, que Sonatrach a choisi pour la réalisation de ce projet une technologie permettant de produire du LAB biodégradable, ce qui confirme, selon lui, « la volonté du groupe de promouvoir un développement industriel durable ». Selon lui, le lancement de ce nouveau projet pétrochimique « conforte Sonatrach dans son rôle de locomotive de l’économie nationale et de leader du développement durable du pays dans ses dimensions économique, sociale et environnementale ».

De grandes ambitions dans la valorisation pétrochimique

En mai 2022, le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, avait indiqué que son département
avait fixé plusieurs objectifs dans le domaine de l’industrie pétrochimique, permettant de créer environ 10.000 emplois directs, d’exporter plus de 5 milliards de dollars, contre 3 milliards actuellement, ainsi que de multiplier par cinq l’actuelle valeur ajoutée dans les opérations de conversion et de production. S’alignant sur cette politique du gouvernement, le groupe Sonatrach a ainsi affecté pas moins de 11 milliards de dollars pour le développement des industries pétrochimiques, dans le cadre du plan quinquennal 2022- 2026, adoptant une nouvelle stratégie permettant la diversification de ses activités vers l’aval, afin de mieux valoriser ses ressources naturelles pour atteindre un niveau de transformation de 50% de la production brute, contre 32% actuellement.

Le groupe pétrolier national a ainsi affiché sa volonté de renforcer ses capacités de production en matière de raffinage et de pétrochimie, à travers une vision stratégique qui lui permettra de développer des produits dérivés très demandés sur le marché international, à l’exemple de l’ammoniac et l’urée qui sont des intrants majeurs à la fabrication de fertilisants, servant les activités agricoles et faisant l’objet d’une forte
demande à l’international, selon les experts. Ajoutée à cela la production de méthanol et des solvants, des intrants indispensables pour l’industrie du plastique, aussi très demandés au niveau des marchés internationaux.

A ce titre, le groupe Sonatrach envisage de réaliser six projets de développement de la pétrochimie, dont trois dans le cadre du partenariat avec les étrangers et trois autres qui seront lancés sur fonds propres de la compagnie nationale. Il est ainsi prévu comme projet en partenariat, un complexe de vapocraquage à base d’éthane et GPL, pour la production d’un million de tonnes d’éthylène et des produits dérivés, HDPE/LLDE, LDPE, polypropylène, mono-éthylène glycol, dans la région de Skikda. Un deuxième projet dans la même zone pour la production de téréphtalate acide purifié et de polyéthylène téréphtalate à Skikda, ainsi que la réalisation d’un complexe de méthanol et dérivés à Arzew dans la wilaya d’Oran. En plus du projet annoncé ce jeudi, du complexe LAB de Skikda, une nouvelle unité de production d’éthylène est aussi programmée par le groupe pétrolier national, d’une capacité de production de 120.000 tonnes par an. Le groupe programme également la réalisation, dans la wilaya d’Oran, d’un complexe de production de méthyl tertio-butyle éther (MTBE), d’une capacité de production de 200.000 t/an.

N. M.