Par Delloula Morsli
El Hachemi Guerouabi, figure emblématique du chaâbi algérien, nous a quittés le 17 juillet 2006, laissant derrière lui un répertoire des plus riches. Ses interprétations magistrales du qcid, sa présence élégante sur scène et ses collaborations avec le génie lyrique Mahboub Bati ont joué un rôle crucial dans la popularisation du chaâbi, le faisant passer des cercles familiaux et fêtes de mariage aux grandes scènes internationales.
Après quelques années passées à jouer au football dans les rangs du club de la Redoute AC, quartier dans lequel il voit le jour, El Hachemi Guerouabi débute son parcours artistique à l’âge de 15 ans lorsqu’il rejoint l’Opéra d’Alger. Son charisme naturel et sa voix singulière attirent rapidement l’attention des milieux du théâtre et de la musique. Après l’indépendance du pays, Guerouabi a tout d’une étoile montante de la chanson. Sa participation au chœur de Hadj M’hamed El-Anka en 1963 marque un tournant. On peut d’ailleurs apercevoir le jeune rossignol dans l’enregistrement vidéo de la mythique “Elhamdoulillah”
Le partenariat de Guerouabi avec le musicien et poète Mahboub Bati s’avère être un moment décisif dans sa carrière. L’écriture de Bati, associées à la voix singulière de Guerouabi et à son style novateur, propulsent le chaâbi sur le devant de la scène. Des chansons comme « El Bareh », « El Werqa », « El Madi » et « Allô allô » deviennent des classiques instantanés et sont appréciés du public jusqu’à nos jours. Les interprétations de qcid par Guerouabi, telles qu’ »El Harraz », « Youm El Khemis » et « Qorsan Yghennem », consolident sa position d’héritier digne de légendes du chaâbi comme Hadj M’rizek et Mohamed Zerbout.
Bien qu’il n’ait jamais enseigné son art de façon directe, l’influence de Guerouabi s’est étendue aux générations suivantes d’artistes chaâbi, notamment Abderezzak Guennif, Sid-Ali Lekkam, Athmane Rouibi, Sid-Ali Dris et cheikh Dridi. Le 4 juillet 2005, les Algérois assistaient à l’ultime prestation du rossignol. Ce concert, qui s’est tenu au Théâtre de verdure, s’est étalé sur plus de trois heures. Un adieu en musique pour son art et son public.
D.M.
