Gazoduc Nigeria-Algérie : les discussions réactivées

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Transsaharienne et gazoduc transsaharien : Le Nigeria renouvèle ses engagements

PAR ZINE HADDADI

Le 7e sommet du forum des pays exportateurs de gaz, tenu à Alger ce week-end, a été une occasion de relancer le méga projet du gazoduc transsaharien TSGP (TransSaharan Gas Pipeline). En marge du sommet, le ministre algérien de l’énergie Mohamed Arkab a évoqué la relance du projet. « Nous avons réactivé les discussions avec les parties prenantes pour la relance du projet du gazoduc transsaharien », a-t-il déclaré à la presse à ce sujet. Si à l’occasion du sommet, il a eu à en parler directement avec son homologue du Nigeria, Arkab a indiqué que des discussions ont eu lieu auparavant avec ses deux homologues concernés. « Nous avons abordé le dossier avec les ministres du Nigeria et du Niger pour la relance du projet », a-t-il déclaré hier. Le ministre algérien de l’énergie a donné quelques détails sur la portée des discussions avec les parties nigériane et nigérienne concernées directement par le projet du gazoduc Trans-Saharan Gas Pipeline. « Le projet est en phase d’études de réalisations », a-t-il révélé.

Ekpo (ministre nigérian du pétrole) : «On est déterminé à concrétiser ce projet vital»

Le gazoduc transsaharien TSGP est un projet concret déjà entamé. « Sur le plan technique, la part restant du projet est de 1800 km sur une longueur de 4000 km. Il reste donc 100 km du Nigeria au Niger. 700 km de l’Algérie au Niger. Et la partie nigérienne qui est 1000 km », a ainsi détaillé Mohamed Arkab. Il ne reste plus que 1800 km à construire, dont 1000 km sur le territoire du Niger. Le tronçon situé sur le territoire du Niger pourrait être pris en charge par l’Algérie comme l’avait déclaré Abdelmadjid Tebboune auparavant. Le gazoduc pourrait voir le jour dans quelques années et entrer en service de manière effective. Le ministre d’Etat chargé des ressources pétrolières du Nigeria, Ekperikpe Ekpo, a réitéré vendredi, en marge de sa participation du 7e sommet des pays exportateurs de gaz, l’engagement de son pays à concrétiser le projet du gazoduc transsaharien initié avec l’Algérie et le Niger.

Ce dernier a réaffirmé, dans des déclarations reprises dans un communiqué du ministère de l’énergie, « l’engagement et la détermination de (son) pays à concrétiser ce projet vital et stratégique qui renforcera les approvisionnements en gaz dans le marché mondial » L’idée du gazoduc transsaharien a germé dans les années 70 mais n’a pu être mise en marche qu’à partir des années 2000, quand l’Algérie et le Nigeria ont signé un mémorandum d’entente. En 2002, les compagnies pétrolières des deux pays, la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) et Sonatrach, ont signé un protocole d’accord pour le lancement du projet.

Une capacité de 20 à 30 milliards de m3 de gaz par an vers l’Europe

Le gazoduc TSGP va du Nigeria vers l’Algérie en passant par le Niger. Long de 4128 km, celui-ci raccorde les champs gaziers du Nigeria à partir de Wari sur le fleuve du Niger, au réseau algérien pour écouler la production gazière nigériane notamment sur les marchés européens. Le coût estimé du gazoduc TSGP est estimé à 13 milliards de dollars. Le TSGP devrait avoir une capacité d’environ 20 à 30 milliards de mètres cubes de gaz par an, ce qui représente un atout considérable sur le marché mondial, notamment européen, du gaz.
Face au gazoduc Trans-Saharan Gas Pipeline, un projet marocain qui, sur le papier déjà, ne pourrait pas voir le jour avant une vingtaine d’années. Voulant à tout prix contrecarrer le projet algérien du Nigeria et du Niger, le royaume chérifien a tout fait pour convaincre le Nigeria de transporter son gaz via l’Afrique de l’Ouest en passant par les côtes mauritaniennes, celles du Sahara occidental avant d’arriver au nord du Maroc pour enfin être transporté vers l’Europe. Au total, le gazoduc imaginé par le Maroc est long de 7000 km et doit traverser 13 pays.

« L’avenir du gazoduc Nigeria-Maroc est compliqué par des questions techniques et géopolitiques… Le gazoduc Nigeria-NigerAlgérie est plus susceptible de se réaliser »,
avertit Baba Ahmed Moulay, professeur de géopolitique et des ressources en eau de
l’université Alfonso X El Sabio cité par le média espagnol El Independiente.

Z. H