Hydrogène vert : l’opportunité Algérie

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Hydrogène vert eau de mer

Après l’Italie et l’Allemagne, et à un degré moindre la France, c’est au tour des Pays-Bas de s’intéresser à la production de l’hydrogène vert en Algérie. La présence d’une importante délégation des Pays-Bas, pour prendre part au 12e salon des énergies renouvelables (ERA) qu’accueille Oran jusqu’à aujourd’hui, témoigne de l’intérêt de ce pays pour des partenariats avec l’Algérie dans le domaine de la production de l’hydrogène vert. Cela a été confirmé par l’ambassadrice néerlandaise Janna van der Velde qui, dans une déclaration à l’APS, a affirmé : «Nous cherchons à nouer des partenariats en Algérie pour développer des activités dans le domaine de l’hydrogène vert.»

Outre la dizaine d’opérateurs économiques, des institutions étatiques font partie de la délégation des Pays-Bas, tous en quête de partenariats dans le domaine des énergies nouvelles, l’hydrogène vert en particulier.

Pour l’ambassadrice des Pays-Bas, «la transition énergétique est un objectif très important pour le gouvernement néerlandais qui a fait un choix très clair par rapport à un passage aux énergies renouvelables le plus tôt possible».

Elle ajoutera que «cette option nous pousse à développer des projets et des activités, pas seulement aux Pays-Bas, mais également à l’échelle internationale, pour soutenir cette transition énergétique et trouver de nouvelles sources d’énergie».

La diplomate néerlandaise relèvera que «l’Algérie a un fort potentiel en matière d’énergies renouvelables, le solaire notamment, mais également dans d’autres sources comme l’hydrogène».

Un intérêt réaffirmé par la responsable de la transition énergétique au sein de l’Agence néerlandaise de soutien à l’entrepreneuriat (Netherlands Entreprise Agency), Claire Hooft Graafland, qui, depuis le stand néerlandais, a indiqué que 130 entreprises de son pays ont exprimé leur intérêt à développer des partenariats en Algérie dans le domaine de l’hydrogène vert. Ceci d’autant que l’Algérie a pris une sérieuse option dans ce domaine.

L’Europe en quête d’hydrogène vert

En effet, la politique énergétique européenne, basée sur la neutralité carbone pour se substituer aux énergies fossiles, est orientée vers le développement massif des énergies renouvelables et de l’hydrogène, notamment vert. Un état de fait qui a créé une «forte dynamique régionale», expliquait le commissaire aux énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, Noureddine Yassaa, précisant que l’hydrogène vert est exclusivement généré à base d’énergies renouvelables. Et au responsable algérien d’affirmer que «l’Algérie peut devenir un exportateur important d’hydrogène vers l’Europe».

D’ailleurs, les sollicitations n’ont pas manqué, et de nombreux accords ont déjà été signés.
On se rappelle que lors de la visite d’Etat du président Tebboune en Italie, en mai dernier, Rome et Alger ont renforcé leur coopération dans le domaine énergétique, en signant plusieurs accords portant sur la fourniture d’électricité, le développement de l’hydrogène vert et l’augmentation des livraisons de gaz naturel.

ENI et le géant algérien des hydrocarbures Sonatrach ont également signé un nouvel accord pour le développement de champs gaziers en Algérie et des projets de décarbonation dans l’hydrogène vert, en présence de l’ancien chef de gouvernement italien, Mario Draghi, et du président algérien.
Outre le développement de ces champs gaziers, un projet pilote de production d’hydrogène vert sera lancé sur le site du puits pétrolier de Bir Rebaa North que les deux entreprises co-exploitent dans le désert algérien.

Loin de s’arrêter là, l’Algérie a signé un partenariat avec l’Allemagne pour produire et, pourquoi pas, exporter cet hydrogène vert très demandé, via les pipelines qui partent vers l’Europe.

Lors de sa visite en Algérie, le 14 juin dernier, la ministre adjointe allemande des Affaires étrangères, Katja Keul, avait annoncé des projets de production de l’énergie à base d’hydrogène en Algérie.
Il s’agira de «la réalisation, à titre d’essai, d’un projet d’hydrogène en Algérie avec des compagnies allemandes», avait-elle révélé, précisant que «celui-ci sera suivi par un projet industriel pour la production de l’énergie à partir d’hydrogène».

L’Algérie en pôle position pour la production d’hydrogène vert à des coûts compétitifs

En effet, dans l’optique de diversifier ses ressources énergétiques qui pourraient venir en appoint aux énergies fossiles (plus importante source de revenus du pays), l’Algérie fait de l’hydrogène vert l’une de ses priorités.

D’ailleurs, lors des festivités célébrant le 66e anniversaire de la création de l’UGTA et du 51e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février dernier, le président Tebboune avait indiqué que «la place de choix à laquelle l’Algérie aspire dans le processus de transition énergétique dans les prochaines années repose également sur notre capacité à adhérer aux plus efficientes solutions climatiques», à savoir «l’hydrogène à utilisation zéro pollution». Il avait ajouté à ce sujet qu’«aujourd’hui, nous sommes capables d’adhérer en tant qu’acteur-clé dans les projets mondiaux et régionaux d’hydrogène vert».

L’Algérie, qui est dotée d’un important potentiel solaire, est bien placée pour produire l’hydrogène vert à des coûts «très compétitifs», avait indiqué récemment le commissaire aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique, Noureddine Yassaa.

Celui-ci appuyait ses déclarations en affirmant que «grâce à son potentiel considérable en énergie solaire, ses importantes ressources en gaz naturel et les infrastructures de distribution associées, l’Algérie est bien placée pour produire l’hydrogène vert et éventuellement bleu (à partir du gaz naturel avec capture et stockage de carbone) à des coûts très compétitifs». Une affirmation confortée par Abdelhamid M’raoui, chercheur au centre de développement des énergies renouvelables (CDER), qui précisera :l «On produit de l’hydrogène par électrolyse, et l’électrolyse nécessite de l’électricité.

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Or en Algérie, on peut produire de l’électricité renouvelable à très bas coût, donc l’hydrogène sera à bas coût.» Le chercher ajoutera : «Nous pouvons produire de l’hydrogène par d’autres méthodes, par exemple les méthodes thermiques, et l’autre avantage de l’Algérie, c’est le grand potentiel thermique solaire», soulignant : «Nous pouvons produire de l’hydrogène avec des procédés qui sont peu consommateurs d’eau, voire pas du tout, à des prix qui sont concurrentiels.»

Brahim Aziez