Il a exclu toute idée de création d’un État palestinien : Netanyahu défie le monde

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PAR AMAR R.

APRÈS près de quatre mois de guerre génocidaire contre la bande de Ghaza, durant laquelle il a assassiné plus de 25.000 civils palestiniens, dont 70% de femmes et d’enfants, et détruit toutes les infrastructures (hôpitaux, écoles, habitations, etc.) pour la rendre invivable, le premier ministre de l’occupation Netanyahu veut garder ad vitam aeternam son contrôle sur l’enclave palestinienne.

Dans ses projections d' »après-guerre », le responsable du gouvernement d’extrême droite a répété son opposition à une « souveraineté palestinienne » sur la bande de Ghaza. Israël doit « s’assurer que Ghaza ne constituera plus une menace », et cette exigence « contredit la demande de souveraineté palestinienne », a expliqué Netanyahu lors d’un entretien téléphonique vendredi avec le président américain Joe Biden. Jeudi, il avait déjà affirmé
qu’Israël devait contrôler la sécurité de « l’ensemble du territoire situé à l’ouest du Jourdain », englobant la Cisjordanie occupée et Ghaza.

Ces propos, qui trahissent les visées colonialistes de Netanyahu de vouloir garder sous
domination Ghaza et la Cisjordanie, tonnent comme un défi au monde, notamment à son
proche allié Biden qui encourage une « solution à deux Etats », comme perspective de règlement à long terme du conflit au Moyen-Orient.

Le parapluie américain

Devant le tollé que cela provoque, Biden n’a pas tardé à sortir le parapluie américain pour
tenter d’atténuer la portée des déclarations répétées de Netanyahu en répondant à une
journaliste : « C’est faux, Netanyahu n’a pas dit ça ! », et que « Netanyahu n’est pas opposé à toutes les solutions à 2 Etats ». Mais rien à faire, Netanyahu l’a démenti : « Non, vraiment, Biden à tort, cela n’arrivera pas. »

Le sénateur indépendant Bernie Sanders a aussi confirmé dans un tweet que « Netanyahu a
clairement exprimé sa position : il n’autorisera jamais la création d’un Etat palestinien. Il poursuivra sa guerre dévastatrice contre des Palestiniens innocents et bloquera les approvisionnements nécessaires pour éviter une famine et des maladies massives ». « Maintenant, les Etats-Unis doivent clarifier leur position », a indiqué le sénateur, ajoutant :
« Que cela nous plaise ou non, les Etats-Unis sont complices du cauchemar que vit le peuple palestinien au moment où nous parlons. » Et de s’interroger : « Franchement, j’ai du mal à comprendre pourquoi le congrès n’agit pas pour mettre un terme à ces souffrances et faire face à cette catastrophe humanitaire. »

Londres et l’Europe dénoncent

Les propos de Netanyahu sont jugés « décevants » par le Royaume-Uni, pour qui « il n’y a pas
d’autre option » qu’une solution à deux Etats pour résoudre le conflit. Le ministre de la défense britannique Grant Shapps a, en effet, jugé hier « décevant d’entendre cela de la part du premier ministre israélien », ajoutant que, pour le Royaume-Uni, « il n’y a pas d’autre option » qu’une solution à deux Etats pour résoudre le conflit dans la région.

Le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères David Lammy a ajouté, samedi : « Nous sommes
déterminés à reconnaître l’Etat palestinien et nous voulons travailler avec nos partenaires
internationaux pour y parvenir. » Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a affirmé que « le droit du peuple palestinien » à un Etat devait être « reconnu par tous » et que tout « déni » de ce droit était « inacceptable ».

Le ministre français des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a dit que les Palestiniens ont le droit à la souveraineté et à un Etat. Le premier ministre espagnol, Pedro
Sanchez, a annoncé également hier son soutien aux dizaines de milliers de manifestants pro-palestiniens dans plusieurs villes espagnoles. « Nous sommes aussi avec eux tous », a déclaré Sanchez lors d’un congrès du parti socialiste en Galice (nord-ouest), faisant référence aux manifestations qui ont eu lieu « dans de nombreuses rues et villages d’Espagne (…), pour reconnaître l’Etat palestinien et arrêter la guerre au Moyen-Orient ».

Aussi, la Belgique a annoncé également qu’elle soutiendra pleinement la plainte déposée
par l’Afrique du Sud, qui accuse Israël de commettre un « génocide », si la cour internationale de justice décidait d’arrêter les attaques sur Ghaza. Dans ce sillage, le parlement européen a voté jeudi dernier une résolution visant à un cessez-le-feu à Ghaza et qui exprime son inquiétude face aux politiques israéliennes qui conduisent au déplacement forcé de la population palestinienne. L’UE a affirmé son soutien au travail de
la cour internationale de justice, soulignant l’importance de présenter une nouvelle initiative européenne visant à reprendre la voie politique.

Hormis cela, les Etats membres du mouvement des non-alignés (MNA) ont rejoint l’OCI et
la ligue des États arabes, unis dans le respect de leurs responsabilités et obligations morales, juridiques et politiques envers le peuple palestinien et la lutte palestinienne pour la dignité, la liberté et l’indépendance.

Enfin, à l’intérieur des territoires occupés, hormis les manifestations récurrentes à Tel Aviv qui exigent la démission du gouvernement d’extrême droite de Netanyahu, la presse n’est
pas en reste, puisque Haaretz a écrit : « Les Américains doivent savoir que les paroles ou
l’engagement de Netanyahu n’ont aucune valeur ; c’est un homme sans parole, même ses partenaires naturels le traitent de menteur fils de menteur. »

A. R