L’Algérie lance l’opération GPL/c

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Sirghaz

/Un nouveau programme de conversion de 150.000 véhicules au GPL/c (gaz de pétrole liquéfié pour carburant) a été lancé la semaine dernière par l’APRUE (agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie).

Ce nouveau programme bénéficiera à 50.000 taxis et 100.000 véhicules particuliers, a précisé le directeur général de l’Aprue, Kamel Dali, lors de la cérémonie du lancement de ce programme, à laquelle ont assisté les ministres de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Benattou Ziane, des Transports, Aissa Bekkai ainsi que le ministre délégué auprès du Premier ministère chargé des micro-entreprises, Nassim Diafat.

Ce programme de reconversion sera financé par le Fonds national de l’efficacité énergétique des énergies renouvelables et la cogénération (FNEEERC) avec une enveloppe de 4,55 milliards de dinars, a indiqué le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Benattou Ziane. Ce dernier précisera que cette contribution de l’Etat permettra de supporter les 50% de réduction des frais de fourniture et d’installation des kits GPLc proposés aux 50.000 taxis et 100.000 véhicules particuliers dans le cadre de ce programme qui vise «la protection de l’environnement et de l’option du développement durable».

L’allocation de ce fonds sera reversée aux quelques 850 centres de conversion de kits GPLc actuellement recensés, (50 affiliés à Naftal et 800 opérateurs privés), chargés de réaliser ce programme qui devra démarrer cette semaine.

Des économies substantielles

La conversion d’un véhicule au GPLc sera ainsi facturée entre 30.000 et 35.000 DA, selon la capacité du réservoir et la qualité des équipements, après avoir bénéficié de la réduction de 50% accordée par l’Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie (Aprue), chargée de la réalisation et du suivi de ce programme, a indiqué Mourad Ouazene, chef du département transport à cette agence.

Pour rappel, le GPLc est le carburant le moins cher sur le marché algérien avec 9 dinars le litre.

Outre l’exonération de la vignette automobile, les utilisateurs de ce type de carburant propre pourront économiser jusqu’à 90.000 DA par an pour un parcours de 25.000 km, selon les estimations de l’Aprue.

Le responsable a expliqué que les chauffeurs de taxis ou particuliers intéressés par ce programme, qui s’étalera sur une année à partir de la signature de l’ordre de service (ODS), pourront s’inscrire sur la plateforme numérique élaborée par l’Aprue, accessible à partir du site de cette agence.

Ils seront en mesure de choisir un installateur parmi ceux répertoriés sur cette plateforme et obtenir un rendez-vous, a-t-il ajouté.

L’installateur leur remettra une procuration qu’ils devront remplir puis légaliser au niveau de l’APC afin de permettre à l’installateur de récupérer les 50% de la valeur de sa prestation, pris en charge par le FNEEERC.

Développer une industrie locale pour les réservoirs

Mieux encore, et outre la conversion de 150.000 véhicules au GPL/C, il est aussi question de développer une industrie locale de fabrication des réservoirs pour la conversion au GPLc afin d’atteindre 1,1 million de véhicules convertis à l’horizon 2030.

Présent à la cérémonie,  le ministre délégué auprès du Premier ministère chargé des micro-entreprise, Nassim Diafat, a annoncé que les entreprises d’installation de kits GPLc, créées dans le cadre du dispositif de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (Anade, ex Ansej), pourront bénéficier d’un prêt non rémunéré d’un montant de 1 million de dinars que leur accordera l’Anade, afin de leur permettre d’honorer les commandes.

M. Bekkai a expliqué que le défi à relever lors des prochaines années est de combattre, graduellement, le phénomène de la pollution en modernisant les systèmes de transport intelligents respectueux de l’environnement.

La pollution en point de mire ?

Il faut sans doute rappeler que notre pays s’est engagé en 2015 à la COP 21 (tenue à Paris) pour convertir 1 million de voitures au GPL d’ici 2030. Un engagement exprimé par la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Selon la fiche pays de la COP21, l’Algérie émet l’équivalent de 2,97 tonnes de CO2 par habitant (chiffres 2012). Les émissions dues au transport terrestre correspondent à 30% du total, soit 0,89 tonnes de CO2 par habitant. Ce chiffre équivaut à 390 litres d’essence (2,28 kg de CO2 par litre d’essence) ou 342 litres de gasoil. Ces émissions correspondent à plus de 5.000 kilomètres. Chaque Algérien parcourt, donc, l’équivalent de 5.000 kilomètres par an en déplacements personnels et transport de marchandises. Le plan de conversion d’un million de véhicules au GPL permettra de réduire les émissions de dioxyde carbone de 300.000 tonnes.

On pourrait penser que ce plan aspire à réduire la pollution de l’air chez nous, mais il faut croire que d’autres raisons poussent à orienter la stratégie nationale de consommation du carburant vers le GPL/c.

Le 21 février dernier, le ministre de l’Energie du moment rappelait qu’en Algérie, le carburant est fourni par les raffineries d’Alger, Skikda, Arzew, Hassi Messaoud et Adrar. «Leurs capacités de production annuelle de carburant est estimée à 10,5 millions de tonnes, dont 2,1 million de tonnes d’essence et 8,4 millions de tonnes de gazole.» Et d’ajouter : «Ainsi, cette production couvre 74% de la demande nationale de carburant», le reste étant importé pour plus l’équivalent de 2 milliards de dollars.

En effet, l’Algérie consomme annuellement près de 15 millions de tonnes de carburant (essence sans plomb et gasoil) annuellement, au moment où les capacités de production de GPL/c dépassent les 14 millions de tonnes/an pour une consommation qui à peine à atteindre le 1,3 million de tonnes. On compte un peu plus de 300.000 véhicules au GPL/c sur un parc qui dépasse les 6,5 millions de véhicules (tous segments confondus).

Le GPL/c en campagne depuis 1983

Il est utile de rappeler que l’orientation de l’Algérie pour le GPL/C a débuté en 1983. Depuis, de nombreuses tentatives d’ancrer définitivement ce carburant dans les habitudes de l’automobiliste algérien ont échoué. La dernière en date a été lancée en 2018 avec l’objectif de convertir 500.000 véhicules à l’horizon 2021 et 1,1 million de véhicules pour 2030 avec un budget de 17 milliards de dinars qui ont été consacrés à ce programme, dont 5 milliards de dinars rien que pour la première phase. On parle aujourd’hui de 4,5 milliards de dinars pour convertir 150.000 véhicules  au GPL/c, mais aussi pour lancer une industrie locale pour la fabrication des réservoirs et l’encouragement des installateurs privés.

B. A.

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