L’ambassadrice des USA dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf : Une visite qui fait jaser au Maroc

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L'ambassadrice des USA dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf : Une visite qui fait jaser au Maroc

PAR AMAR R.

Elizabeth Moore Aubin, ambassadrice des Etats-Unis à Alger, effectue depuis hier une visite dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en compagnie d’une délégation qui comprend plusieurs ambassadeurs accrédités dans notre pays, dans le cadre d’une mission des donateurs de l’aide humanitaire aux Sahraouis.

La diplomate américaine a rencontré des présidents et représentants de 12 partis politiques algériens, accompagnés de l’ambassadeur sahraoui en Algérie, dans le hall d’honneur de l’aéroport Houari-Boumediene, en route pour une visite de solidarité avec la cause sahraouie. En publiant des photos de la rencontre de l’ambassadrice américaine avec son homologue sahraoui, le président de l’ANR, un parti politique algérien écrit sur Facebook que la visite des 12 partis algériens entre « dans le cadre de la solidarité avec la question sahraouie ».

Aussi, elle « intervient à l’occasion de la dénonciation du malheureux accord de Madrid, en présence de l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique, Elizabeth Moore Aubin, où les chefs des partis visiteront certaines installations régionales de la wilaya de Laâyoune (NDLR, dans les camps de Tindouf), selon le programme défini ». Tel que le rapporte un site d’information, cette délégation serait « officiellement » reçue lors d’un dîner par le président de la RASD, Brahim Ghali.

La position américaine nuancée

Il n’en fallait pas plus pour faire jaser les médias chez le voisin de l’ouest. En notant que ce n’est pas la première fois qu’un ambassadeur américain en Algérie se rend dans les camps de réfugiés sahraouis, un journal marocain « H24info » s’est visiblement indigné en s’interrogeant « à quoi joue Washington ? ». Et ce, avant de rappeler une précédente visite qui remonte à 2018 de l’ambassadeur John Desrocher mais qu' »aucune mention n’avait été faite à une quelconque rencontre avec les responsables du Polisario ».

Le diplomate américain avait rencontré des « responsables locaux algériens » et s’est entretenu avec des représentants des nations unies et des ONG. Ce qui inquiète au plus haut point la partie marocaine est qu’elle y voit une prise de position dans le conflit sahraoui dans un contexte de remise en cause du tweet de Trump qui consacrait la souveraineté du régime alaouite sur le Sahara occidental par l’administration Biden. Dès son accession à la Maison-Blanche, Joe Biden a, en effet, déclaré que certaines des incitations incluses dans les accords dits d' »Abraham » liés à la normalisation des relations de certains pays arabes avec l’entité sioniste méritaient de faire l’objet d’un « examen attentif », en référence implicite à, entre autres avantages accordés par Trump, la reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

De ce fait, Washington a nuancé sa position, en considérant que le plan d’autonomie proposé par l’occupant marocain comme « une approche potentielle pour répondre aux aspirations du peuple du Sahara occidental ». Les Etats-Unis ont fait pression sur la partie marocaine pour la relance du processus politique pour le règlement de la question sahraouie, et à recevoir dans les territoires occupés du Sahara occidental Staffan de Mistura, le représentant personnel du SG des nations unies, chargé de l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.

L’engagement des États-Unis pour une solution «digne»

Les Etats-Unis, qui font partie des contributeurs à l’aide humanitaire au profit du peuple sahraoui, effectuent régulièrement des visites dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf. La dernière en date remonte à septembre dernier, durant laquelle Joshua Harris, secrétaire d’Etat adjoint américain pour l’Afrique du Nord, avait pour but de « constater de visu les conditions de vie difficiles » des Sahraouis.

« Mon but en visitant Tindouf était d’exprimer la sincérité de l’engagement de mon gouvernement à soutenir le processus politique des nations unies pour parvenir à une solution politique permanente et digne au Sahara occidental », a déclaré en outre Joshua Harris.

Cependant, le programme de la visite a prévu des discussions politiques avec les dirigeants sahraouis, notamment le président de la RASD, Brahim Ghali. « C’était ma première visite et elle m’a donné l’occasion de comprendre et de voir la situation sur le terrain et de consulter notamment le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, sur l’importance de faire avancer le processus politique de l’ONU », a expliqué le secrétaire d’Etat adjoint américain pour l’Afrique du Nord.

Pour sa part, Elizabeth Moore Aubin, ambassadrice des Etats-Unis, a estimé aussi que « la solution pacifique est la seule voie pour le règlement du conflit du Sahara occidental ». Il est utile de relever que la visite de l’ambassadrice intervient au lendemain de sa déclaration à Oran (Napec) affirmant que les compagnies américaines sont intéressées par l’investissement dans plusieurs secteurs en Algérie comme les énergies renouvelables, le traitement de l’eau, la santé et l’agriculture, et que son objectif est de doubler les échanges commerciaux et les investissements industriels en Algérie.

A. R.