Soutien à Israël : Fronde au Quai d’Orsay et au département d’Etat

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Soutien à Israël Fronde au Quai d'Orsay et au département d'Etat
©Vincent Isore/IP3 ; Paris, France March 10, 2020 - European and French flags wave on the French Foreign Affairs Ministry building QUAI D ORSAY, MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES, RELATIONS INTERNATIONALES, DIPLOMATIE, DIPLOMATIQUES, AMBASSADES, AMBASSADEUR, ILLUSTRATION, GENERIQUE, BATIMENT GOUVERNEMENTAL, MINISTERIEL, REPRESENTATIONS DIPLOMATIQUES, ARCHITECTURE, CONSEILS AUX VOYAGEURS, INCIDENTS DIPLOMATIQUES, SCENE INTERNATIONALE, POLITIQUE EXTERIEURE FRANCAISE, INTERETS FRANCAIS A L ETRANGER, FRANCAIS DE L ETRANGER, EXPATRIES, EXPATRIATION, MINISTERES REGALIENS, MAE, MRE, MAEE, DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL

PAR DJILALI B.

Effet boomerang de la politique arabe de la France qui perd de son influence alors que ses diplomates dans la région sont devenus, comme qui dirait, peu fréquentables. D’où ce vent de dissidence qui est parvenu au Quai d’Orsay. A New York, on préfère le qualificatif de mutinerie pour parler du désenchantement des employés du département d’Etat.  La défense d’Israël ne passe plus.

Le parti pris du président Emmanuel Macron en faveur d’Israël dans le conflit actuel en fermant les yeux sur les atrocités commises quotidiennement sur des civils palestiniens a sérieusement affecté l’image de la France dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord. Et ce sont les diplomates français accrédités dans des pays de cette région qui ont tiré l’alarme dans une note au chef de l’Etat français que le quotidien Le Figaro a révélée il y a deux jours.

Des diplomates qui ont pris une initiative collective relèvent dans leur missive le recul de l’influence de la France dans la région, en raison de l’option du président Macron pour Israël au lieu de sa position historique équilibrée. Et des responsables de pays arabes ont signifié leur désaccord et mécontentement de cette nouvelle posture de Paris dans ce conflit.

« Notre position en faveur d’Israël est en rupture avec notre position traditionnellement équilibrée entre Israéliens et Palestiniens », ont-ils relevé dans le document adressé au Quai
d’Orsay, consulté par Le Figaro.  Sentiment accentué par le bilan des entretiens avec les chefs d’Etat arabes et des Occidentaux ainsi de la visite du président Macron en Israël dont on retiendra sa proposition d’une coalition internationale pour éradiquer le Hamas, à l’image de celle mise sur pied pour combattre Daech.

«Sentiment de mise à l’écart»

Ce tournant surprenant dans la position française n’a pas tardé à avoir des conséquences immédiates qui se sont manifestées notamment par « un sentiment de mise à l’écart des diplomates français », ont témoigné des représentants d’ambassades de France dans ces pays.

En effet, le président Macron a confirmé son alignement sur le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, lors de sa visite en Israël le 24 octobre dernier, durant laquelle il a non seulement ignoré les victimes palestiniennes mais aussi demandé un cessez-le-feu. Suivi par la majorité des médias dont les plateaux ont été transformés en tribune pour la propagande israélienne. Seuls les diplomates accrédités dans la région ont accusé le coup et se sont sentis isolés etécartés des cercles décisionnels de ces pays.

Le gouvernement Macron a failli rééditer la mémorable séquence de l’ambassade de
France à Damas dont les notes envoyées à Paris ont été modifiées, au point de pousser leur auteur à la démission pour ne pas avoir à cautionner les mensonges du Quai d’Orsay.

Devant les dégâts diplomatiques provoqués par sa politique arabe, « la dissidence exprimée par les diplomates français à travers leur note », le président français s’est résigné à un exercice de rétropédalage en édulcorant ses discours suivants dans lesquels il demande à Israël de ne pas cibler les civils, plus loin, après 10.000 morts, dont une majorité d’enfants et de femmes. Et d’appeler, enfin, à aider la population de Ghaza. Ce discours a eu l’effet inverse, dans la mesure où il a rajouté une couche d’incompréhension, voire d’incohérence, comme l’a souligné, au magazine Marianne, un responsable au ministère des affaires étrangères.

Si ce mécontentement des diplomates français est tempéré avec le terme « dissidence », outre Atlantique, un mouvement similaire au département d’Etat est qualifié de « mutinerie ». Des publications américaines dont Politico ont aussi révélé des notes du département d’Etat où est exprimé une hostilité au président Joe Biden et au secrétaire d’Etat, Antony Blinken.

Une note signée par une centaine d’employés du département d’Etat et de l’USAID met en cause l’approximation et la désinformation dans le discours du président Biden le 10 octobre dans lequel il évoquait la guerre entre Israël et Hamas. Les signataires de la note montent au créneau pour dénoncer la riposte disproportionnée d’Israël à l’attaque du 7 octobre et à la décision de couper l’eau, l’électricité et le carburant.

Des actions qui constituent des crimes de guerre, suivant le droit international, ont considéré les signataires de la note. Des employés du département d’Etat, dont un haut responsable cité par le Huff Post, mettent en garde contre une véritable mutinerie dans le service.

En cause les décisions que prend le chef du département d’Etat qui ignore leurs propositions ou encore le blocage de la résolution de la trêve humanitaire au conseil de sécurité de l’ONU, alors qu’elle n’était même pas contraignante. D’autres projets de résolution ont également été bloqués par les Etats-Unis.

D. B