Le 1er sommet des présidents du Mali, Burkina et Niger entérinera la reconfiguration de la région : L’Alliance des États du Sahel en devenir

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PAR DJILALI B.

Les présidents de transition au Mali, Burkina Faso et Niger, le colonel Assimi Goïta, le capitaine Ibrahim Traoré et le général de brigade Abdourahamane Tchiani, vont se réunir les prochains jours pour valider la naissance officielle de l’Alliance des Etats du Sahel, décrétée il y a huit mois par ces mêmes responsables au lendemain des décisions prise par la Cédéao de sanctionner le Niger après le coup de force contre le président Bazoum. Alors que la Cédéao campait sur ses positions, durcissant ses menaces contre le Niger, les trois pays se sont engagés dans un processus de mutualisation de leurs forces armées pour se défendre solidairement en cas d’intervention de la force de l’organisation régionale. Les ministres des affaires étrangères de l’AES ont entrepris alors d’élargir cette solidarité vers d’autres domaines évoquant un marché commun, éventuellement une monnaie commune.

C’est tout naturellement qu’ils décident de se retirer de la Cédéao qu’ils accusent d’être contre ses membres et les peuples de la région au lieu de les servir. L’organisation a déjà huit mois d’existence et son architecture institutionnelle est déjà en place, puisque les ministres des affaires étrangères de l’AES l’ayant déjà validée lors de leur dernier sommet, en février, dans la capitale burkinabé. Les chefs de transition devraient alors l’entériner à l’occasion de leur prochaine rencontre. Ils devraient aussi discuter de la forme à donner à cette alliance, parce que dans l’euphorie de l’annonce du divorce avec la Cédéao, même la fédération des trois Etats a été évoquée. Ce sera donc aux premiers responsables de ces pays de déterminer la forme juridique à donner à leur bloc.

La fin du franc CFA

Il sera également question d’économie, l’intégration étant déjà formulée, et dans son sillage un marché commun et une monnaie unique pour en finir avec le franc CFA, symbole, selon eux, de la colonisation et de la domination françaises. Leur éloignement de la communauté économique ouest-africaine, qui semble irrévocable, malgré le recul de l’organisation, la levée des sanctions contre le Niger et son appel du pied à l’AES pour revenir dans son giron, ouvre ainsi la voie à la création d’une nouvelle organisation économique commune incluant le marché et la monnaie.

Cette perspective sera matérialisée avec un traité adossé à celui portant création de l’Alliance des Etats du Sahel, entériné par le sommet des ministres des affaires étrangères en février dernier à Ouagadougou. En effet, les ministres ont adopté l’architecture institutionnelle comprenant les sessions des sommets des chefs d’Etat et de gouvernement, les sessions du conseil des ministres et des sessions des représentants des parlementaires, qui sera soumis à l’approbation des chefs d’Etat.

Alliance militaire

Mais c’est sur le plan sécuritaire que l’AES semble avancer. Cela a débuté avec la solidarité militaire du Mali et du Burkina avec le Niger pour faire face à l’intervention, finalement annulée, de la force de la Cédéao, pour que cela se transforme en alliance militaire conjointe. Les chefs d’état-major des armées des trois pays, réunis le 7 mars au Niger, ont annoncé la création d’une force conjointe contre le terrorisme pour répondre aux défis sécuritaires dans l’espace de l’AES. L’objectif, est-il souligné, est de parvenir à élaborer une stratégie opérationnelle pour faire face aux défis sécuritaires et aux menaces terroristes dans les trois pays de l’alliance. C’est d’ailleurs le seul domaine où les trois pays sont d’accord et ont déjà entrepris des initiatives communes. Avec, il va sans dire, l’apport des nouveaux partenaires étrangers, notamment en matière de fourniture de matériels militaires et de formation et d’assistance des armées locales.

Reste cependant la question de la gestion du Liptako Gourma, ce vaste territoire situé à la frontière entre les trois pays. Le dossier sera sur la table du sommet des chefs d’Etat, selon les médias locaux. Il est question, à ce sujet, de l’élaboration d’une charte de référence graphique de l’AES avec des mesures urgentes pour son appropriation par les populations. Ce qui, dans cette optique, permettra de résoudre les problèmes que soulève cette région commune aux trois pays. Un autre défi à relever. Ce sommet des chefs d’Etat permettra enfin de désigner le président en exercice de l’AES pour coordonner les actions communes en matière politique, diplomatique et militaire. La présidence de l’alliance sera tournante.

D. B.