Le Chef de l’État avait insisté sur la nécessité de le revoir. Algérie-UE : l’accord d’association sera bel et bien révisé

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L’Union Européenne organise un concours en Algérie

PAR NABIL M.

Conclu en 2002 et entré en vigueur en 2005, l’accord d’association Algérie-union européenne a toujours été remis en cause par l’Algérie. Sa révision est déjà entamée par les deux parties. C’est lors d’une rencontre organisée par la délégation de l’union européenne (UE) en Algérie et l’agence algérienne de la promotion des investissements (Aapi) sur « le climat des affaires en Algérie », que le chef de mission adjoint de l’ambassadeur de la délégation de l’UE en Algérie, Simone Petroni, a rappelé que les deux parties (UE et l’Algérie) « œuvraient pour la révision de l’accord d’association signé entre elles, dans le but d’en faire un outil puissant pour renforcer le partenariat bilatéral et promouvoir la coopération basée sur le principe du bénéfice mutuel ». Le diplomate européen a également souligné l’importance de cette rencontre, organisée au profit des représentants des organes diplomatiques des pays de l’UE, en présence de représentants du ministère du commerce et celui des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, indiquant qu’elle s’inscrivait dans le cadre « d’une nouvelle coopération entre l’UE et l’Algérie ».

L’accord actuel est à sens unique

Cette révision de l’accord d’association Algérie-UE est ainsi un signe d’une nouvelle relance entre les deux parties, notamment avec une nouvelle approche de la partie algérienne basée sur une revalorisation de ses atouts économiques et des opportunités d’investissement dont elle recèle. Dans ce cadre, le représentant du ministère des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Arezki Yahiaoui, n’a pas manqué d’appeler à l’occasion les opérateurs de l’UE à intensifier leurs investissements en Algérie, d’autant plus que la valeur des investissement de l’UE depuis la mise en œuvre de l’accord d’association entre les deux parties n’a pas dépassé 13 milliards $ entre 2005 et 2022, soit 5% de la valeur des échanges commerciaux entre les deux parties, qui ont dépassé 340 mds $ durant cette période. Ainsi, la conjoncture est plus que jamais propice pour les deux
partenaires pour mettre ce dossier sur la table, avec une Algérie qui reprend son rôle sur le plan international, notamment dans le secteur énergétique, en tant que fournisseur majeur et fiable pour ses partenaires européens, dans un contexte marqué par une grave crise énergétique sur le vieux continent. En plus, l’Algérie compte renforcer ses exportations hors hydrocarbures d’une part et rationaliser ses importations, notamment en ce qui concerne les produits qu’elle pourrait produire localement et même exporter.

Pour un partenariat «gagnant-gagnant»

L’accord d’association algéro-union européenne a, depuis son entrée en vigueur, avantagé plus la partie européenne au détriment de l’économie algérienne qui a subi des clauses mal négociées. Le président de la République avait d’ailleurs demandé, il y a deux ans, à revoir les dispositions de cet accord « clause par clause » selon une approche « gagnant-gagnant ». Une évaluation de l’impact de l’accord sur le commerce extérieur du pays sur une période de dix ans, allant de 2005 à 2015, a fait état d’un total des exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’UE qui n’a même pas atteint 14 milliards $, alors que les importations algériennes auprès de l’UE se sont chiffrées à 220 mds $, avec une moyenne annuelle de 22 mds $. A ceci s’ajoutent des pertes douanières énormes pour l’Algérie chiffrées à près de 5 mds $

Lors de sa première visite à Alger en mars 2023, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité/vice-président de la commission européenne, Josep Borrell, avait déclaré à la presse nationale que l’UE est prête à écouter les propositions de l’Algérie et améliorer la mise en œuvre de l’accord, qu’il qualifie d’ailleurs de « pierre angulaire d’un partenariat que l’union européenne veut solide et stratégique, avec un voisin très important ». Les autorités publiques avaient déjà formulé la demande de réviser certains articles phares de cet accord d’association avec l’UE, notamment l’article 24 de la convention de partenariat liée aux mesures de sauvegarde du produit national et des clauses contre l’inondation du marché par des marchandises et des mesures compensatoires et d’autres exceptionnelles en faveur des industries nouvellement créées ou certains secteurs objet de restructuration.

Cela dit, c’est un vaste chantier qui s’est lancé et qui permettra de voir quelles sont les possibilités d’un rééquilibrage des échanges commerciaux avec la puissance économique européenne, dans lequel l’Algérie avec sa nouvelle politique économique doit importer moins et exporter plus et œuvrer en même temps à attirer des investissements étrangers, tel que promis à l’annonce de la signature de cet accord en 2002.

N. M.