Le gazoduc Galsi validé par les Italiens : l’Algérie tisse sa toile

0
6182
l’Algérie tisse sa toile

Par R. Akli

Forte de sa position géopolitique, de son fort potentiel économique et de son rôle de plus en plus prépondérant sur la scène énergétique, l’Algérie entreprend d’accélérer la concrétisation de son déploiement à l’international à travers notamment la réalisation, déjà très avancée, d’importants projets structurants, tels que la route et le gazoduc transsahariens.

Des projets pour le moins hautement stratégiques, auxquels s’ajoute celui de la relance de la construction d’un deuxième gazoduc vers l’Italie devant permettre à terme à ce pays de devenir en véritable hub gazier de l’Europe et à l’Algérie de s’ériger, dès lors, en partenaire plus qu’incontournable du vieux continent.

Ainsi, après plusieurs années, voire des décennies, de retards et d’atermoiements, ces chantiers pharaoniques et a priori utopiques, commencent désormais à voir réellement le jour, ouvrant ainsi la voie à l’Algérie de devenir à un pays «pivot» au sein de son espace régional et même bien au-delà.

Comme l’expliquait si bien l’économiste et ancien gouverneur de la banque centrale Abderrahmane Hadj Nacer, lors d’une récente interview à la chaîne Berbère Télévision, l’Algérie peut être considérée comme «incontournable» pour les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), et ce, a-t-il développé, grâce à ses importants actifs, dont notamment la route transsaharienne. Conçue pour relier Alger à la capitale nigériane Lagos, sur un linéaire de bitume de près de 10.000 km, cette gigantesque infrastructure routière, qui devrait traverser six pays du continent, est déjà parachevée dans sa partie algérienne.

En effet, la direction des travaux publics de la wilaya de Tamanrasset vient d’annoncer la livraison du dernier tronçon algérien long de sept kilomètres.

Autre projet colossal, également en bonne voie d’aboutir pour concrétiser l’intégration énergétique en Afrique et l’interconnexion vers l’Europe à partir de l’Algérie, celui du gazoduc transsaharien reliant l’Algérie, le Niger et le Nigeria.

La phase d’étude de cet immense et très stratégique pipeline «est presque terminée et certaines parties du projet sont même déjà réalisées», a fait savoir tout récemment le président de la République, ajoutant que l’Algérie a même convenu avec le Niger d’assurer la prise en charge du tronçon traversant ce pays pour accélérer la réalisation de ce gazoduc qui s’étendra également jusqu’au Nigeria.

Tout en s’interconnectant le plus fortement possible au continent africain, l’Algérie regarde bien entendu bien plus loin, en ciblant d’abord l’autre rive de la Méditerranée pour viser ensuite d’autres niches sur d’autres marchés extérieurs.

Mettant en ce sens en jeu ses atouts de fournisseur énergétique fiable et incontournable de l’Europe, l’Algérie a relancé le Galsi avec son partenaire italien pour porter à de plus hauts niveaux ses approvisionnements en gaz naturel vers ce pays qui viendront s’ajouter aux 33 milliards de m3 qu’assure le Transmed.

En effet, selon la plateforme africaine Construction Review Online, un responsable italien a validé lors d’une visite de travail à Alger ce projet dont le coût, d’après la même source, est de 2,5 milliards de dollars.

A travers ses espaces géopolitiques naturels, soit le continent africain d’une part et le bassin méditerranéen d’une autre, l’Algérie avance ainsi pragmatiquement ses cartes, en réalisant d’immenses projets structurants, pour s’ériger en pays pivot dans la région et favoriser par-là même son déploiement à l’international.