Le MAE convoque l’ambassadeur du Niger. Migrants : l’Algérie répond aux accusations de Niamey

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Par Djilali B.

Un accord a été conclu en 2014 entre les autorités algériennes et nigériennes pour le rapatriement des ressortissants nigériens en situation irrégulière sur le sol algérien, notamment ceux impliqués dans la prostitution et la mendicité.

L’ambassadeur d’Algérie au Niger a été convoqué mercredi dernier au ministère des Affaires étrangères nigérien en signe de protestation contre les opérations de refoulement des migrants subsahariens en situation irrégulière en Algérie. Le gouvernement nigérien reproche à l’Algérie le «caractère violent» de ces rapatriements forcés qui «portent atteinte à l’intégrité physique et des biens de ressortissants nigériens».

Ce à quoi, l’Algérie a riposté ce jeudi par la convocation de l’ambassadeur du Niger à Alger, M. Aminou Malam Manzo, par le ministère des Affaires étrangères où il a été reçu par la Directrice générale Afrique du département, Mme Selma Malika Haddadi, a indiqué un communiqué du ministère. Selon la même source, «cette rencontre a porté essentiellement sur la coopération entre les deux pays en matière de rapatriement des ressortissants nigériens séjournant de manière irrégulière sur le territoire algérien». Il est précisé que «cette coopération a fait l’objet de la part des autorités nigériennes de certains jugements que la partie algérienne estime sans fondements». Cette accusation est récurrente et est portée par certaines ONG qui accusent l’Algérie de violences lors des rapatriements des migrants clandestins, opérations effectuées souvent sous le regard du HCR, entre autres, qui n’a pas relevé d’entorse au traitement humain de ces migrants.

Un cadre bilatéral dédié à cette problématique

Il a été par ailleurs «rappelé à l’ambassadeur de la République du Niger l’existence d’un cadre bilatéral dédié à cette problématique. De même, il lui a été indiqué que ce cadre doit demeurer le lieu privilégié de discussion et de traitement de toutes les données et de tous les développements liés à cette problématique», relève le document. En effet, Alger et Niamey ont signé, en 2014, un accord pour le rapatriement des ressortissants nigériens en situation irrégulière en Algérie. L’accord a été élargi ensuite, en 2016, 2017 et 2018 aux autres migrants clandestins rapatriés par voie terrestre en passant par le Niger. La reconduction de l’accord ne concerne que le volet rapatriement des ressortissants des autres nationalités. Parce qu’initialement, le volet lié aux étrangers a fait l’objet d’un accord temporaire, il a été reconduit à trois reprises.

La diplomate a réitéré à l’attention de l’ambassadeur du Niger «le ferme attachement de l’Algérie aux règles essentielles de bon voisinage et sa volonté de poursuivre la coordination avec le Niger sur cette question concernant les flux migratoires et sur toute autre question, et ce, dans le respect mutuel et sur la base des valeurs de coopération, de confiance et de solidarité», conclut le communiqué. Il y a lieu de relever qu’Alger a modéré le ton pour, d’une part, éviter d’envenimer la situation et éviter d’ajouter à la tension que connaît la relation entre les deux pays voisins. D’autre part, il est possible que le gouvernement de transition ait été induit en erreur par une tierce partie pour compliquer davantage la relation entre l’Algérie et le Niger ou que les autorités nigériennes ignorent l’accord lié au rapatriement de leurs ressortissants en situation illégale en Algérie. Ce qui explique la retenue de Mme Haddadi dans son échange avec l’ambassadeur.

Ce qu’avait conclu une enquête commune

Les ressortissants subsahariens, dont les Nigériens, vivent essentiellement de mendicité, le phénomène étant démontré par une enquête commune aux deux pays ; une collaboration qui a abouti au démantèlement d’un réseau de passeurs. Ainsi, des enfants en bas âge sont forcés à mendier dans les rues, les transports dans les grandes villes et même sur l’autoroute. Les familles s’installent à la périphérie des villes ou logent dans des chantiers de construction, des habitats de fortune sans aucune condition d’hygiène.

Malgré les opérations de rapatriement, par vagues, des familles entières traversent la frontière, parcourent des milliers de kilomètres avant d’atteindre les grandes villes du nord où elles s’installent. Hormis les activités de mendicité, ces migrants, à la différence de ceux des décennies précédentes et ceux des autres nationalités, ne travaillent pas et ne sont pas en transit pour aller en Europe.

Il n’est pas rare de trouver des Maliens, Ivoiriens et d’autres travaillant dans des chantiers. L’Algérie est devenue d’ailleurs une destination pour certains migrants qui se sont installés et trouvé du travail, réussissant même à travers leurs réseaux à envoyer de l’argent à leurs familles restées au pays, malgré leur situation irrégulière. Cette catégorie est occultée parce qu’elle n’a pas de plus-value politique pour les associations de défense des migrants clandestins.

D.B