Marchés gazier et pétrolier, mixe énergétique…Les prévisions de Hakkar

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Par Abdellah B.

Augmentation de la production nationale, évolution des marchés énergétiques, reprise de l’activité économique, Toufik Hakkar, PDG de Sonatrach, évoque la vision du groupe pour les années à venir et les besoins du marché mondial pour atteindre une stabilité durable en matière d’approvisionnement et met l’accent sur le poids des énergies fossiles dans le mix énergétique pour les trois prochaines décennies.

Pour ce qui est de l’augmentation de la production gazière du pays dans un contexte marqué par une forte demande sur ce combustible sur le marché international, Toufik Hakkar affirme dans une interview accordée au site spécialisé en énergie S&P Global que l’Algérie prévoit une augmentation de 10 milliards de m3 de sa production gazière d’ici à 2027.

En effet, d’après le PDG de la compagnie nationale des hydrocarbures, l’objectif esquissé est d’approvisionner le marché avec «plus de 110 milliards de m3 au cours des cinq prochaines années, pour répondre à la fois aux besoins du marché national et de mettre des quantités supplémentaires sur le marché international».

Dans ce sens, Hakkar affirme que durant l’année écoulée, l’Algérie avait fourni d’importants efforts pour l’augmentation de sa production et la mise sur le marché de quantités supplémentaires de gaz et les investissements dans l’amont gazier porteront encore leurs fruits dans les années à venir.

«L’industrie gazière est capitale, et l’Algérie s’engage à assurer à ses partenaires un approvisionnement stable, durable et fiable en gaz naturel, tant que la demande de gaz reste forte».

Et pour continuer sur la même lancée et soutenir cet effort considérable de la compagnie nationale des hydrocarbures, le patron de Sonatrach insiste sur l’investissement étranger comme moyen de booster la production nationale et répondre à la forte demande de ses clients durant cette période, caractérisée par une hausse de la demande mondiale sur ce combustible et une offre restreinte.

«4 milliards de m3 de gaz placés sur le marché spot»

Concernant l’évolution des prix du pétrole et du produit énergétique sur le marché international et les prévisions pour l’année en cours, le PDG de Sonatrach affirme qu’il «reste convaincu que seule la visibilité des comportements du marché et de la demande future en gaz naturel peut soutenir les politiques d’investissement dans des projets gaziers à forte intensité», a déclaré M. Hakkar.

Dans ce sens, la même source évoque les contrats paraphés durant l’exercice dernier avec les géants pétroliers dont Eni, Total énergie ou encore OXy pour la valorisation des gisements dans le bassin de Berkine et également les investissements dans l’amont gazier et pétrolier.

«Au cours de l’année 2022, Sonatrach a fait des efforts importants pour approvisionner les marchés avec des quantités supplémentaires de gaz naturel, en plus de remplir nos engagements contractuels envers nos clients étrangers. En outre, nous avons pu placer plus de 4 milliards de m3 sur le marché spot, via le gazoduc Enrico Mattei ou Transmed», explique-t-il, avant d’ajouter que «Sonatrach a l’intention de continuer à développer son potentiel gazier afin de placer des volumes supplémentaires sur les marchés nationaux et internationaux, en particulier le marché européen».

 «Investir plus pour la stabilité du marché mondial»

Pour atteindre la stabilité du marché international exposée aux multiples secousses durant ces dernières années, dont la crise sanitaire et l’évolution de la situation géopolitique dans l’Europe de l’Est, Hakkar juge nécessaire l’implication des pays consommateurs dans la stabilité du marché.

«Les récents développements sur la scène énergétique ont remis à l’ordre du jour les questions de la sécurisation de l’énergie et du maintien d’un niveau d’investissement adéquat, et par conséquent la reconsidération de l’option des contrats à long terme ou au moins à moyen terme.

En outre, Sonatrach s’adapte aux conditions du marché et aux situations exceptionnelles auxquelles nos clients peuvent être confrontés en introduisant une plus grande flexibilité contractuelle et opérationnelle», détaille-t-il.

Pour Hakkar, les contrats à long terme ont l’avantage de maintenir le niveau d’investissement nécessaire pour approvisionner le marché et garantir la stabilité des prix.

Revenant sur les cours du pétrole qui connaissent actuellement une fluctuation en raison de l’évolution du marché et du recul de la consommation et par conséquent la demande, le PDG de Sonatrach affirme que le marché donne de nouveaux signes positifs liés à la reprise des importations chinoises et les perspectives d’une relance de la croissance économique mondiale.

De ce fait, avant d’affirmer que son groupe s’attend à «un prix du baril oscillant entre 90 et 100 dollars durant l’année 2023».

La reprise graduelle de la consommation mondiale des énergies durant cette période de l’après-Covid-19 demeure un signe de viabilité pour les énergies traditionnelles qui continueront encore à dominer le marché pour les années à venir.

D’après Toufik Hakkar, «à court terme, le retour de grands consommateurs tels que la Chine doit être soigneusement évalué, tandis qu’à plus long terme, le potentiel limité de nouvelles sources d’approvisionnement, le risque lié à la demande, le manque d’investissements en amont et en aval, les interventions réglementaires et les politiques vigoureuses en faveur de la décarbonisation du monde sont les principaux éléments à prendre en compte».

Pour Hakkar, le pétrole et le gaz «continueront à dominer le bouquet énergétique mondial au cours des deux ou trois prochaines décennies. Nous sommes également convaincus que l’industrie pétrolière et gazière devra être plus attentive aux contraintes environnementales en intégrant la réduction des émissions comme une action prioritaire».