Massacres du 17 octobre 1961 : «De Gaulle était au courant», d’un crime resté impuni  

0
63

La guerre d’Algérie n’a pas livré tous ses secrets. L’ouverture des archives apportent de nouveaux éléments. Ayant eu accès à des archives déclassifiées de la guerre d’Algérie, Médiapart affirme que Charles de Gaulle avait été mis au courant des massacres du 17 octobre 1961.

Une manifestation à laquelle ont participé près 30.000 Algériens dans les Hauts-de-Seine à l’appel du FLN. Une manifestation brutalement réprimée par la police qui fera des dizaines de blessés et plus d’une centaine de morts. Les responsables politiques français se sont longtemps dédouanés de ce massacre en pointant Maurice Papon, chef de la police, comme le principal responsable dans cette affaire. La note dévoilée par le média français indique clairement que le général de Gaulle avait été mis au courant de ce crime toujours impuni. En fait, Mediapart a publié une note datée du 28 octobre 1961, rédigée par le conseiller du général de Gaulle pour les affaires algériennes, Bernard Tricot où il a indiqué au Président français qu’«il y aurait 54 morts». «Les uns auraient été noyés, les autres étranglés, d’autres encore abattus par balles. Les instructions judiciaires ont été ouvertes. Il est malheureusement probable que ces enquêtes pourront aboutir à mettre en cause certains fonctionnaires de police», explique le haut fonctionnaire. Une seconde note datée du 6 novembre 1961, expose également l’impuissance du gouvernement français devant la police ou l’auteur appelle le Président français à mettre de l’ordre au sein du gouvernement. «Savoir si on se bornera à laisser les affaires suivre leur cours, auquel cas il est probable qu’elles s’enliseront, ou si le ministre de la Justice Bernard Chenot ainsi que le ministre de l’Intérieur Roger Frey doivent faire savoir aux magistrats et officiers de la police judiciaire compétente que le gouvernement tient à ce que la lumière soit faite». Le conseiller du général de Gaulle poursuit qu’il «importe beaucoup, semble-t-il, que le gouvernement prenne dans cette affaire une position qui, tout en cherchant à éviter le plus possible le scandale, montre à tous les intéressés que certaines choses ne doivent pas être faites et qu’on ne les laisse pas faire».  Face à cette insistance du conseiller du Président, la même source révèle pour la première fois un document qui porte la réponse manuscrite du général de Gaulle à son conseiller Bernard Tricot dans laquelle il dit qu’«il faut faire la lumière et poursuivre les coupables» et «il faut que le ministre de l’Intérieur prenne vis-à-vis de la police une attitude d’autorité, qu’il ne prend pas». Toujours est-il, les responsables de ce crime n’ont jamais été inquiétés par la justice française.    

A. B.