Plafonnement des prix du gaz : L’Europe joue avec le feu

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Les gazoducs fonctionnent à un régime soutenu : Augmentation des exportations de gaz vers l'Espagne et l'Italie

Par Abdellah B.

Les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales en gaz liées aux effets du conflit russo-ukrainien ont fait grimper les prix de l’énergie dans l’espace européen et risquent de s’aggraver encore avec l’entrée en vigueur du mécanisme européen de plafonnement des prix du gaz à partir du 15 février prochain.

Une mesure qui sera suivie par la mise en place d’un consortium européen pour l’achat groupé du gaz sur le marché spot.

Après plusieurs mois de débats houleux marqués par une divergence de points de vue des pays membres de l’espace européen autour des résultats et des conséquences d’une telle démarche, notamment que les Allemands et les Néerlandais se sont opposés même à l’idée de plafonnement des prix du gaz, ces derniers ont accepté de suivre la majorité européenne dans une «logique protectionniste des citoyens européens des effets de l’inflation».

Un scepticisme nourri par l’inquiétude de trouver des fournisseurs fiables qui accepteront de vendre leur produit à des prix plus bas que ceux en cours sur le marché international, et dans le cas d’une nouvelle flambée des prix, qui n’est d’ailleurs pas écartée, d’après les analystes du marché gazier.

En fait, un communiqué du conseil européen vient de mettre fin à plusieurs mois d’attente en annonçant que les 27 membres de l’Union européenne ont trouvé un accord pour fixer le seuil du prix à ne pas dépasser en matière des importations de gaz qui est de «180 euros/MWh».

Il s’agit là d’un nouveau mécanisme européen de lutte contre la flambée des prix du gaz et qui ne «sera déclenché qu’une fois le seuil dépassé». «Le mécanisme vise à plafonner les contrats mensuels sur le marché de référence TTF dès lors qu’ils dépassent 180 euros/MWh pendant deux semaines consécutives», indique le communiqué du conseil européen.

L’argument utilisé pour expliquer cette démarche est la «protection» du marché européen d’une éventuelle flambée des prix de cette source d’énergie indispensable pour le fonctionnement de l’appareil économique des pays européens.

Face à l’optimisme des pays européens quant aux résultats attendus d’une telle démarche, il n’en reste pas moins que des inquiétudes sont nourries par un resserrement de l’offre sur le marché international.

Sur cette question, le conseil européen affirme qu’en «cas de l’augmentation de la consommation locale, le mécanisme sera immédiatement suspendu».

Autrement dit, dans le cas où le plafonnement des prix entraîne une nette augmentation de la consommation ou une baisse de l’offre, il sera immédiatement suspendu, ce qui laisse dire que cette mesure européenne pourrait être un thermomètre visant uniquement à mesurer la réaction des pays exportateurs du gaz vers l’Union européen, sinon pourquoi mettre en place un mécanisme qui sera levé en cas de réduction de l’offre ?

Enfin, durant les derniers mois, les cours du gaz sur le marché européen ont atteint le pic, notamment au deuxième trimestre de l’année en cours en dépassant largement les 300 euros/MWh, avant de connaître une chute libre pour se stabiliser autour de 110 euros/MWh sur la bourse néerlandaise durant les mois derniers.

A.B