Pour exporter les 20 millions de tonnes/an d’excédent de production. Ciment : l’Etat envisage d’installer des broyeurs de clinker en Afrique

0
9232

Les capacités nationales de production de ciment et de clinker ont ouvert de belles perspectives pour les exportations hors hydrocarbures de l’Algérie, à la faveur d’une demande mondiale croissante pour ces deux matériaux.

PAR NABIL M.

En parallèle aux secteurs qui sont vitaux pour l’économie nationale, à savoir la sidérurgie, la pharmacie, l’industrie du cuir et textile, l’industrie du ciment «est un axe sur lequel le ministère de l’Industrie doit développer durant 2024 (…) et forcer la cadence», a indiqué le ministre du secteur, Ali Aoun, dans un entretien accordé au magazine Indjazat. A ce propos, il a fait savoir qu’aujourd’hui les cimenteries nationales dégagent un excédent de production de 20 millions de tonnes/an. D’où la nécessité de mettre en place toutes les mesures favorisant l’exportation de ce produit.

Selon le ministre, cet excédent de production de ciment avait fait l’objet d’une réflexion au niveau de la tutelle quant à la possibilité de l’exporter sous forme de clinker, soulignant que ce n’était pas la bonne solution du fait que plusieurs pays africains qui sont demandeurs de ce produit ne sont pas équipés de broyeurs. Une raison qui pourrait impacter négativement les volumes d’exportations du pays vers le continent africain, qui est un marché très favorable pour le commerce extérieur de l’Algérie.

GICA

Pour faire face à cette difficulté, la tutelle a pensé à déployer des mesures qui pourront aider les pays africains à s’approvisionner de ciment algérien, avec des solutions venant d’entreprises nationales. «C’est à ce titre que j’ai demandé au groupe public GICA de mener une étude, qui est en cours d’achèvement, qui cible les pays où l’on peut installer des broyeurs», a indiqué le ministre de l’industrie, soulignant que ces pays d’Afrique préfèrent acheter du ciment plutôt que du clinker.

Aoun a affirmé, dans ce sens, que cette solution «permettra à l’Algérie d’augmenter le volume d’exportation du ciment à l’avenir». Les matériaux de construction ont représenté les plus importantes exportations hors hydrocarbures de l’Algérie durant les dernières années, dans lesquels le ciment vient en seconde position après le rond à béton, classant l’Algérie à la 14e position à l’échelle mondiale dans l’exportation de ce produit. Selon les statistiques du ministère du Commerce, le ciment est exporté vers une soixantaine de pays, dont une vingtaine de pays africains.

Le Groupe industriel des ciments d’Algérie (GICA) a exporté 6 millions de tonnes de clinker en 2023 pour un chiffre d’affaires estimé à 24 milliards de DA. Ce groupe public a pu pénétrer plusieurs marchés africains et s’est aussi introduit en Amérique latine et en Europe grâce, entre autres, à l’obtention des certificats de conformité aux normes européennes (CE), ce qui lui permet de se développer même sur le marché européen, dont la réglementation est très stricte.

Holcim El Djazaïr

Outre le Groupe de cimenterie public, l’entreprise Holcim El Djazaïr a annoncé dernièrement une performance remarquable en matière d’exportation pour l’année 2023, avec un volume exporté de 3,4 millions de tonnes au cours de cette période pour les deux produits, ciments et clinkers, représentant 30% de l’ensemble des exportations de l’Algérie dans ce segment.

Ces exportations représentent une augmentation de 7% par rapport à l’année 2022 (3,2 millions de tonnes) et une augmentation de 17% du chiffre d’affaires de cette entreprise qui a choisi d’orienter ses exportations davantage vers les produits finis et de réduire la proportion de produits semi-finis. En 2023, 40% de ses exportations concernent le ciment représentaient une hausse de 300% par rapport à 2022. Cette proportion devrait continuer à augmenter pour atteindre plus de 60% en 2024, à travers le déblocage d’importants investissements, notamment l’acquisition d’un chargeur de navires en 2023, qui a coûté à l’entreprise un investissement de 3,5 millions d’euros. Ce résultat a été rendu possible grâce, également, aux différentes mesures de promotion d’exportation hors hydrocarbures prises par les pouvoirs publics.

N.M.