Selon une étude de la Snam : L’Algérie imbattable sur les prix de l’hydrogène

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Hydrogène vert :

PAR NABIL M.

L’Algérie ambitionne de devenir un leader régional et international dans la production et la commercialisation de l’hydrogène renouvelable et propre et de ses dérivés. Prenant compte de la feuille de route adoptée par les pouvoirs publics, l’Algérie ambitionne de faire de l’hydrogène un vecteur stratégique de son programme de transition énergétique et de ses engagements climatiques. Avec les nombreux avantages qu’elle dispose, l’Algérie ambitionne de développer une économie de l’hydrogène à même d’initier une dynamique économique, qui lui permettra de générer des revenus supplémentaires en exportations hors hydrocarbures.

A cet effet, l’Algérie aspire à tirer profit de son potentiel technique de production d’hydrogène et de ses avantages comparatifs pour produire et exporter entre 30 à 40 térawattheures (TWh) sous forme d’hydrogène gazeux, liquide et ses dérivés. Ces quantités sont destinées pour approvisionner le marché européen à hauteur de 10% environ de ses besoins, à l’horizon 2040. A cela s’ajoute environ 10 TWh d’hydrogène propre (bleu) qui seront produits pour satisfaire les besoins du marché national.

Dans une étude comparative du prix de l’hydrogène livré à l’Allemagne, en prenant compte des coûts de production et transport, à partir de différents pays à horizon 2040, l’Algérie serait imbattable sur ce secteur énergétique. Ainsi, selon une étude de la société italienne Snam, reprise dans la feuille de route, le coût de l’hydrogène livré par l’Algérie à l’Allemagne est estimé à 0,98 $/kg contre 3,25 $ pour l’Arabie saoudite, 1,71 $ pour la Russie et 1,01 $ pour l’Espagne.

L’hydrogène commercialisé par l’Algérie est aussi moins coûteux que celui produit par
l’Allemagne à partir des énergies renouvelables et sans frais de transport, qui revient à 2,54 $/kg. L’Algérie est donc très concurrentielle en Allemagne, même sur son propre territoire, avec un coût de production de 0,76 $ et de transport de 0,22 $ USD. A ce titre, et avec un prix de vente très compétitif de cette molécule d’hydrogène, l’Algérie pourrait attirer environ 10 milliards de dollars par an, grâce à ses exportations d’hydrogène. Ce qui lui permettra de se positionner sur la scène énergétique internationale comme fournisseur incontournable et fiable d’hydrogène propre et faire de ce vecteur énergétique un levier de croissance économique et d’accroissement de ses revenus en devises.

Un investissement de près de 25 milliards USD

Pour atteindre cet objectif, l’Algérie s’attellera, dans un premier temps, à réaliser des projets pilotes de 2 MW à 50 MW de capacité lui permettant de tester différentes technologies de production et d’utilisation d’hydrogène et ses dérivés et d’évaluer différents
modèles économiques. Elle mettra par la suite l’accent sur les applications les plus avantageuses et les plus adaptées au contexte énergétique national ainsi que sur les mécanismes de financement les plus appropriés. Cela permettra d’atteindre, à moyen et long termes, des coûts de production très compétitifs et d’exporter vers l’Europe en particulier.

Ainsi, selon les termes de la feuille de route du gouvernement, les niveaux d’investissement sont évolutifs et dépendent du développement du marché et des technologies d’électrolyse. Le montant prévisionnel d’investissement pour la production cumulée d’hydrogène à l’horizon 2040 de 40 TWh, sans tenir compte du coût de stockage, est estimé à 24,8 milliards de dollars.

L’ensemble des projets d’hydrogène qui seront réalisés en effort propre ou en partenariat seront destinés principalement à l’exportation, avec des coûts de production et d’investissement qui seront supportés totalement par les opérateurs. Ces projets qui doivent être économiquement viables et durables, nécessiteraient d’être financés par les opérateurs, selon des montages financiers, y compris le recours aux partenariats selon les mécanismes appropriés. Cela en prenant compte que des facilitations administratives seront également accordées aux porteurs de projets pour encourager les investissements dans le domaine de l’hydrogène renouvelable et propre.

N. M.