À bicyclette, ce sont près d’une cinquantaine de Bônois qui se donnent rendez-vous chaque vendredi pour un parcours à vélo dans la ville. Cette initiative, lancée par l’association Annaba Bike City, aspire à répandre cette mobilité douce et faire de Annaba la ville de vélo par excellence.
Depuis leur création en 2022, les membres de l’association Annaba Bike City travaillent sur
plusieurs fronts afin de concrétiser de nombreux objectifs autour de la diffusion de la culture du vélo. Le président de l’association, Bilal Guerfi, affirme que la ville de Annaba dispose des atouts nécessaires pour devenir une ville de vélo.
« Le grand prix de Annaba est la première grande compétition cycliste organisée après l’indépendance. Le célèbre coureur polonais Ryszard Szurkowski y a même participé. Les Bônois sont très fiers de cet événement international. C’est pour dire que la culture du vélo a toujours existé à Annaba. A travers les activités de l’association nous souhaitons que
l’utilisation du vélo soit un moyen de transport et de loisir pour les habitants de la ville », confie Bilal Guerfi.
Vision 2030
Un projet qu’ils souhaitent concrétiser avant 2030. Pour cela, les membres de l’association ont élaboré un programme ambitieux qui a été discuté avec les associations de la ville et remis aux autorités. Il s’agit entre autres de la réalisation de 150 km de piste cyclable, la création de 15 startups dans le domaine du vélo, l’organisation de cinq événements internationaux autour du vélo, et la création du parking de vélos surveillés.
Les membres de l’association ont déjà concrétisé certains projets dans le cadre de cet ambitieux programme. Bilal Guerfi informe que sept porteurs de projets sont en formation à l’incubateur de projet culturel et social Orkids.
« Il faut créer un écosystème constitué d’associations et de startups qui travaillent en collaboration avec les autorités de la ville pour une meilleure organisation de cette activité. Actuellement, nous suivons sept porteurs de projets. Nous avons Calorik qui est une future startup de location de vélos. Il y a également BeAmane spécialisé dans la création des parkings surveillés », souligne Bilal Guerfi.
Le président de cette association informe qu’une proposition a été formulée à l’APC de Annaba pour la création d’une piste cyclable de 5 km.
Pour s’ouvrir à l’international, Annaba Bike City organise prochainement la troisième édition
du festival international Annaba Night Bike. Les passionnées de vélo se retrouvent pendant cet événement, décorent leurs vélos de lumières et organisent une sortie nocturne offrant aux habitants un spectacle de lumière à travers la ville.
Le stationnement surveillé avant tout
L’association Annaba Bike City est à l’initiative du premier parking surveillé dans la ville.
Constitué d’une vingtaine de places, ce parking a été très bien accueilli par les cyclistes qui l’ont de suite utilisé. « On ne peut appeler les gens à utiliser le vélo s’ils n’ont pas où les stationner. La sécurité est une mesure incitative. Un vélo c’est aussi imposant, il lui faut un espace dédié pour qu’il ne dérange pas. C’est ce qu’il faut créer avant de faire les pistes cyclables », insiste Bilal Guerfi.
Bilal Guerfi déplore qu’il n’y ait pas eu d’autres parkings dédiés aux vélos. Il explique que l’APC n’a pas délibéré sur le budget alloué au stationnement des vélos, ce qui constitue un problème.
L’association ne se décourage pas. Des équipes de bénévoles ont collecté des données sur des lieux pouvant accueillir des parkings à vélo. Une carte numérique de ces lieux est disponible sur le site de l’association.
Dans l’absolu, Bilal Guerfi souhaite qu’une clause soit intégrée dans le cahier des charges de construction du parking. 10% de l’espace devrait, selon lui, être dédié au vélo.
« Annaba est une ville plate, idéale pour rouler en vélo. Il y a aussi un énorme problème de circulation. Se déplacer en vélo peut désengorger la ville et fluidifier la mobilité », explique-t-il.
Au boulot à vélo !
Toujours dans le sillage des activités de sensibilisation à l’utilisation du vélo en ville, les membres de l’association Annaba Bike City ont lancé le challenge « Bike To Work ». Cela consiste à aller travailler en vélo, prendre une photo du kilométrage et collecter des points pour gagner des cadeaux, précise Bilal Guerfi. Certains citoyens qui ont rejoint Bike To Work ont réussi à parcourir en un mois 1077 km. C’est l’équivalent de 200 kg de dioxyde de carbone, indique Bilal Guerfi.
Pour que cette pratique s’inscrive dans la durée, l’association a pris attache avec plusieurs entreprises pour la création du parking à vélo au sein des entreprises. Bilal Guerfi confie que ces derniers ont montré un grand intérêt à l’initiative. « Nous sommes en train d’élaborer un plan qui explique en détail les étapes qui permettent de créer des parkings à vélos surveillés. Nous ferons des présentations aux responsables des entreprises pour leur démontrer que c’est très facile », affirme-t-il.
Un code de la route… pour les vélos
La pratique du vélo à Annaba reste néanmoins difficile sans pistes cyclables et parkings à vélos. Mais c’est d’autant plus difficile sans lois pour garantir les droits des cyclistes et leur assigner des devoirs. En début d’année, l’association a présenté à un membre de l’APN une proposition de loi élaborée en collaboration avec des experts de la sécurité routière.
« Il y a une loi qui date des années 70 et qui stipule qu’il est interdit pour les personnes à vélo de circuler sur une double voix. Aujourd’hui, toutes les routes sont à double voix, ce qui complique la réalisation de pistes cyclables », souligne-t-il. Cette proposition de projet de loi aborde plusieurs aspects de la pratique du vélo en ville. Pour Bilal Guerfi, il faut faire un classement des différents types de vélos, définir les normes nécessaires à la création de pistes cyclables, lister les routes autorisées à la circulation à vélo.
Doucement mais sûrement, l’association Annaba Bike City se rapproche de son objectif de faire de Annaba une ville cyclable. Un moyen de transport qui permet de mieux apprécier celle qu’on surnomme la Coquette.
L. A.
