Une fusée algérienne volera au Spaceport America 2024

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Des étudiants de l’école nationale polytechnique d’Oran ont été sélectionnés pour participer à la prestigieuse compétition d’aéronautique « Spaceport America 2024 ». Après le lancement réussi de la fusée Atakor, lors de la précédente édition, les étudiants devront challenger une nouvelle fois pour concevoir une nouvelle roquette.

Spaceport America est une manifestation scientifique à laquelle participent chaque année des futurs ingénieurs des quatre coins du globe. L’occasion pour les étudiants du domaine de l’aéronautique de se retrouver dans un espace commun, de partager leurs connaissances et de concevoir une fusée qui sera lancée au cours de cet événement.

« La première participation de l’Algérie remonte à deux années. L’école polytechnique de Sidi Bel-Abbès avait conçu la roquette mais il n’y a pas eu de lancement. L’an dernier, l’équipe de SkyDZ de l’université d’Oran a pris part à cette compétition. La fusée baptisée Atakor a été conçue dans les normes de sécurité. Challenge réussi pour ces étudiants qui ont vu leur fusée s’envoler. Je suis ravi de voir qu’ils réitèrent l’expérience. C’est très important de s’inscrire dans la continuité pour gagner en expérience », souligne l’ingénieur en aéronautique Abdelkader Kherrat, basé au Canada.

Il travaille depuis plusieurs années chez Bombardier. Cet ingénieur est souvent en contact avec les étudiants des universités algériennes. « Quand je suis à Alger, j’anime des cours et des formations pour les étudiants afin d’apporter un plus à leurs connaissances. L’année passée, j’étais le parrain de l’équipe algérienne qui a participé au Spaceport America 2023.

Cette année, six écoles se sont inscrites. Seule l’école d’Oran a été prise. Nos étudiants sont compétents mais il y a la difficulté d’accès au matériel pour la conception des fusées. » « Pour la conception de la fusée, il faut que les étudiants se procurent le moteur. Ils sont chargés d’embarquer l’équipement, mais la base doit être commerciale pour des raisons de sécurité », souligne Kherrat.

« Le prix de cet équipement est élevé, d’où la difficulté de faire participer plusieurs équipes. Lors de la précédente édition, nous avons fait une levée de fonds pour acheter du matériel pour les étudiants. Le ministère des startups et celui de l’enseignement supérieur ont pris en charge le déplacement des étudiants. Il faut donc toute une organisation et des fonds dédiés à cette manifestation scientifique indispensable pour l’épanouissement de nos étudiants », précise-t-il.

Spaceport America exige que les étudiants fabriquent une roquette qui peut atteindre 10.000 pieds pour les débutants et 30.000 pour les plus expérimentés. L’étudiant va mettre en pratique ses connaissances. Cette compétition lui permettra aussi de travailler dans le cadre d’un cahier des charges et de mener à terme un projet d’ingénierie.

Depuis la sélection et jusqu’à la participation, ils devront valider chaque étape de la conception de la fusée pour pouvoir lancer. Ils savent pertinemment qu’il ne faut lésiner sur
aucun détail pour pouvoir lancer, détaille Kherrat.

L’année dernière, les étudiants ont perdu la fusée après le lancement. Selon Kherrat, c’est tout à fait normal. Cette année, les étudiants vont faire en sorte de la lancer et de la récupérer. « Participer chaque année à cette manifestation permet d’améliorer son équipement et corriger les erreurs. C’est tout un processus d’apprentissage », souligne-t-il.

Cette nouvelle édition, 81 universités prendront part à cette manifestation. Selon Kherrat, ce ne sont pas tous les pays qui peuvent se permettre des lancements de fusée. C’est une activité très réglementée, c’est pour ça que Spaceport America est très convoitée, souligne notre interlocuteur.

L. A.