Yamna ou l’art de dénoncer par l’humour : «J’aime bien tacler et piquer là où il faut»

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Yamna

/Si vous êtes branchés sur les réseaux sociaux vous avez sans doute croisé Yamna. Un petit bout de femme espiègle incarnant l’Algéroise typique qui ose rire des maux qui rongent la société. Subtile, elle décortique à demi-mots les problèmes qui nous touchent au quotidien avec un humour déconcertant. Peut-on rire de tout ? Oui, mais à condition de bien formuler ses phrases. C’est là la devise de Amina Dahmoune, une artiste qui n’a pas froid aux yeux.

Vous avez gagné les cœurs des Algériens grâce à votre sympathique personnage de Yamna, l’Algéroise de souche qui n’a pas sa langue de la poche. Pouvez-vous nous parler de ce personnage ?

Je pratique ce que l’on appelle l’art thérapie ou l’humour dénonciateur qui consiste à traiter des sujets de société parfois tabous de manière subtile mais drôle. J’ai choisi cette option car je trouve que les Algériens sont un peuple qui très sensible à l’humour, donc pourquoi pas jouer cette carte et l’atteindre, faire passer certains messages par le biais du rire. Pour le choix de mes sujets, je les puise directement de la société, des choses qui m’entourent et récits qui m’ont touchée personnellement. Je suis une personne, certes, très réservée mais très observatrice avec un esprit extrêmement critique. A cela j’ajoute la touche algéroise en hommage à mes origines car nous sommes une famille très à cheval sur les traditions ; on doit cela notamment à ma grand-mère qui porte toujours le seroual chelka. Je suis une grande amatrice de notre patrimoine algérois et cela passe de la cuisine à l’architecture et l’histoire. Yamna, c’est un tout en fait, un personnage qui rassemble tous ces éléments qui font notre identité mais qui n’hésite pas à tacler et à piquer là où il faut.     

Vous vous considérer comme influenceuse ?  

Sincèrement, s’il faut me mettre dans la catégorie d’influenceuse, je préfère qu’on me qualifié d’influenceuse éducative. Vous savez, tout le monde peut influencer tout le monde, y compris le cordonnier du coin qui peut vous influencer sur le choix de votre chaussure mais je trouve que ce titre s’est vraiment clochardisé sur les réseaux sociaux. Je ne fais pas de tutos make up ou des choses du genre mais j’essaie d’intervenir dans la société à ma façon pour bousculer les mentalités. Je profite d’ailleurs de cette opportunité pour saluer mon incroyable communauté qui m’a soutenue. Mes abonnées sont le meilleur public dont je puisse rêver.

Quelles sont vos inspirations ?

Pour mon personnage de Yamna et même dans mon approche humoristique, je me suis beaucoup penché sur le travail de Youcef Benadouda qui incarnait des années durant le personnage mythique de madame Doudoune. Je l’ai déjà rencontré et il m’a inondé de ses conseils, c’est vraiment un artiste généreux. Je suis aussi une grande admiratrice de Beyouna et de la regretté Ouardia dont j’admirais la spontanéité et sa façon de dire les choses. Ces personnes font partie d’une époque désormais révolue de la société algérienne durant laquelle on n’avait pas peur de s’exprimer sans tabous y compris sur le petit écran. Je trouve que nos artistes aujourd’hui n’ont plus cette liberté et cela est regrettable.

Vous jouissez actuellement d’une certaine célébrité mais cette confusion entre Yamna et Amina ne vous dérange pas ?

Pour le moment, elle ne me dérange pas car c’est un peu de ma faute. J’ai un peu entretenu le personnage de Yamna au détriment de Amina mais je vais essayer de remédier et cela en partageant plus de contenus avec mes abonnées pour leur montrer qui est Amina Dahmoune.

Dans vos sketchs, vous traitez de sujets sensibles tels que l’hypocrisie, la religion, etc.

Comme je vous l’ai déjà expliqué, je suis une personne avec un grand esprit d’analyse et quand je vois qu’un sujet me touche, je fonce. Il est vrai que je me suis faite connaitre grâce a la vidéo où je jouais le rôle d’une personne en enfer mais qui continue à être mauvaise langue malgré tout. J’ai eu énormément de retours positifs come j’ai eu aussi des insultes mais je crois que seules les personnes qui se sont senties visées ont mal réagi. Au fond de moi, cela m’a fait sourire car j’ai su toucher un point sensible et j’ai réussi à faire réagir ceux que je voulais (rires). Je n’ai pas eu de menaces mais j’ai vu sur un groupe qu’une personne a voulu constituer un groupe pour m’attaquer en justice pour atteinte à la religion. Cette personne est une connaissance à moi et je peux vous dire qu’elle n’est pas la sainte qu’elle prétend être, cela ne m’a pas fait peur mais j’en ai bien ri.

Des projets en préparation ?

J’ai fait des études en journalisme mais on peut dire que la comédie est quelque chose d’innée chez moi mais je dois travailler ce don. Je suis une personne très ambitieuse et je veux vraiment percer dans le domaine et je n’hésiterais pas à faire le nécessaire pour y arriver. Pour commencer, je me suis inscrite au conservatoire où je vais suivre des cours de théâtre avec M. Rabah qui est pour moi une référence. Parallèlement à la création de mes vidéos, je rêve aussi de faire mes preuves dans le cinéma surtout avec le réalisateur algérien Merzak Allouache dont les œuvres me parlent beaucoup. Je continue actuellement à travailler à la radio nationale algérienne qui m’a donné la chance d’animer aux côtés de Mehdi que j’apprécie énormément. Je prépare aussi la saison de l’émission Bnat el Djazair qui passe sur la chaine Samira TV, il s’agit d’une émission certes culinaire mais qui met en avant le patrimoine algérois. 

W. S.

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