Zoom sur le méga projet d’eau en Algérie : coût et durée de réalisation

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Dessalement de l'eau. Tebboune : «L'Algérie est devenue le n°1 en Afrique»

Aucun des projets attribués ces derniers mois liés à l’assainissement et au traitement de l’eau n’est revenu à des entreprises étrangères, depuis qu’Etat a décidé de restreindre la participation aux appels d’offres aux entreprises nationales, qui ont déjà remporté les contrats d’étude, de fourniture, d’installation et de mise en service des premières usines de dessalement prévues, ainsi que les raccordements pour l’approvisionnement.

L’Algérie a lancé des contrats restreints aux entreprises nationales pour la construction de 14 nouvelles usines de dessalement. Sont répartis entre les entreprises publiques nationales les projets de cinq grandes usines de dessalement qui doivent être prêtes avant 2025. Les noms des sociétés exécutantes, toutes algériennes, de ses grandes stations et usines de dessalement ont été annoncés récemment.

25 usines de dessalement avant 2030

Il est prévu qu’avant 2025, cinq nouvelles usines de dessalement d’eau d’une capacité de 300.000 m3 par jour seront construites à différents endroits de la côte, pour approvisionner les moyennes et grandes agglomérations. Avant 2030, six autres seront actives. Au total, il y en aura 25, avec les trois – les plus petites et les plus urgentes – qui seront prêtes en 2022. Ainsi, la filiale de Sonatrach, Génie civil et Bâtiment (GCB), dédiée au génie civil, sera en charge du projet de l’usine de Cap Blanc à Oran, tandis que l’Entreprise nationale de grands travaux pétroliers (ENGTP), également filiale de Sonatrach et spécialisée dans la construction de grands complexes industriels et d’oléoducs, dirigera l’usine de Cap Djinet.

Parallèlement, Sarpi et l’Entreprise nationale de canalisations (ENAC), également étatique, réaliseront les centrales de Béjaïa et d’El-Tarf. La cinquième, à Fouka, qui s’appelait la gare d’Alger-Ouest, a déjà une étude en cours pour réaliser les travaux de raccordement de cette gare aux réseaux de distribution. GCB a remporté le contrat en mai excluant ainsi les associations précédentes avec des entreprises étrangères

Stations à Tlemcen, Mostaganem, Chlef, Tizi Ouzou, Jijel et Skikda

De 2024 à 2030, l’Algérie envisage de construire six nouvelles stations supplémentaires d’une capacité de 300 000 m3/jour chacune. Cette même année ou, au plus tard en 2023, trois ou quatre nouvelles usines, plus petites, seront lancées, en raison de l’urgence des approvisionnements. L’Algerian Energy Company (AEC), une autre des multiples filiales de Sonatrach, a mandaté les entreprises nationales Cosider et GCB pour construire, en très peu de temps, des usines de dessalement qui, au total, peuvent fournir 150 000 m3 d’eau potable par jour, principalement dans la capitale. Ces entreprises prennent en charge l’ingénierie et la construction. Après la mise en service des cinq grands projets de dessalement en 2024, six nouvelles stations d’une capacité de 300 000 m3/j chacune doivent être construites. Les nouvelles stations, dont la mise en service est prévue pour 2030, devraient être implantées à Tlemcen, Mostaganem, Chlef, Tizi Ouzou, Jijel et Skikda. Le raccordement de ces usines aux réseaux de distribution d’eau sera réalisé par la Société algérienne des eaux (ADE).

De l’eau potable à plus de 6,5 millions d’Algériens

L’Algérie subit depuis quatre ans une sécheresse extrême, une situation qui ne devrait pas s’améliorer. Présentement, ses usines de dessalement peuvent à peine fournir de l’eau potable à 18% de sa population. Par conséquent, le département de Hasni a décidé de prendre un virage serré dans le développement de son projet eau. Contrairement au programme des années 2000, auquel les entreprises étrangères, notamment espagnoles, ont activement participé, les nouvelles usines seront financées par des fonds publics, avec des entreprises de construction publiques qui portent sur la conception, la fourniture et la mise en service des usines de dessalement, ce qui indique que la construction sera en charge du promoteur du projet. L’objectif de l’État algérien est de fournir de l’eau potable à plus de 6,5 millions d’Algériens d’ici 2050.

Un marché de 2,5 milliards €

D’après les données traitées par l’ICEX (Institut espagnol du commerce extérieur) sur le marché de l’eau en Algérie, «l’ambitieux programme d’eau algérien qui a commencé à être développé en 2000 et se poursuivra jusqu’en 2025 nécessite plus de 6.500 millions d’euros». Selon leur rapport, «seuls les projets liés au dessalement, à l’approvisionnement en eau potable et au traitement des eaux usées totalisent 2,5 milliards €». Si on a choisi de s’appuyer sur les chiffres de cet institut, c’est pour la simple raison que l’ICEX a lancé il y a quelques années un appel aux entreprises espagnoles du secteur de l’eau de participer aux grands projets de dessalement et de traitement des eaux usées qu’Alger entendait lancer de 2022 à 2030. L’entité publique chargée de promouvoir l’internationalisation du tissu entrepreneurial espagnol a souligné les grandes opportunités dont disposaient les entreprises nationales, du fait de la proximité géographique, l’expérience, la réputation et le «savoir-faire». Aussi, l’Espagne est impliquée dans 7 des 11 stations existantes actuellement en Algérie avec une participation significative dans la conception, la construction, la gestion ou la maintenance, avec des sociétés telles que Sacyr, ACS et Cobra. Pourtant, quelques mois plus tard, les choses ont changé quand l’Algérie a constaté des défaillances dans la gestion de ces entreprises et a décidé par conséquent de s’appuyer en premier lieu sur des sociétés japonaises avant de se tourner vers les locales.

Y. C.