A travers sa filiale Transavia : Pourquoi l’Algérie est importante pour le groupe Air France

0
25

/Les Algériens entendent de plus en plus parler de la compagnie low cost, Transavia, filiale du groupe franco-néerlandais, Air France-KLM. Cela a commencé durant la période qui a précédé l’arrivée de la pandémie de Covid-19 où cette compagnie avait récupéré la majorité des vols d’Air France sur les départs de France (hors Paris) à destination des villes d’Algérie, Alger et Oran étant restées dans le giron d’Air France.

A la publication de la liste des nouveaux vols et vols supplémentaires par le ministère des Transports, la rapidité de la réaction de Transavia à publier son programme était impressionnante, avant de déchanter avec la rétractation des autorités algériennes. Il faut peut-être rappeler qu’avant la crise sanitaire, le groupe Air France-KLM avait mis sur orbite une multitude de lignes à destination des autres villes algériennes (toujours sur le site de la compagnie), Béjaïa, Sétif, Constantine et Tlemcen qui devaient être pris en charge par Transavia. Mais la fermeture des frontières causée par la pandémie a tout chamboulé.  Le commun des mortels s’interrogerait, naturellement, sur le choix de la compagnie mère d’opter pour cette stratégie au moment où Air France pouvait s’accaparer toutes les dessertes de et vers l’Algérie avec des tarifs pas bas. La réponse à cette question, on l’a trouvée sur Capital qui publiait, le 22 février dernier, un article sur les ambitions de Transavia. On apprend, ainsi, que Ben Smith, le patron d’Air France-KLM, avait décidé de propulser cette «middle-cost» alliant qualité de service et prix environ 40% inférieurs à ceux d’Air France. Seul moyen à ses yeux pour tenter de sauver la rentabilité du groupe. Les résultats du troisième trimestre 2021 lui ont donné raison. Transavia avait, ainsi, réalisé à elle seule 105 des 132 millions d’euros de résultat opérationnel courant de la compagnie franco-néerlandaise. Pour comprendre le parcours de cette jeune compagnie, un peu d’histoire s’impose. Transavia France est née en 2007 sur le modèle de sa grande sœur Transavia Hollande, avec, notamment, un statut des pilotes moins-disant que celui d’Air France. De 15 avions, sa flotte, passée à 48 avions en 2020, elle en comptera plus de 60 durant l’été prochain (2022), et même 80 en 2025. Des destinations méditerranéennes, Transavia a commencé à grignoter sur les vols intérieurs (en France), avant de récupérer le complément des vols sur l’Algérie qu’Air France a mis de côté.  Sur l’ensemble des destinations hors Algérie, Transavia pratique des prix incroyables, avec des aller-simple à 34 euros. Comment peut-elle pratiquer ces tarifs ? Toujours selon Capital qui s’est intéressé au sujet, elle coche de nombreuses cases du modèle low cost, sa flotte se composait d’avions identiques (Boeing 737-800) devrait basculer vers des Airbus A320, moins gourmands en carburant et moins chers, des PNC payés au SMIC et uniquement à l’heure travaillée, plus de 35% du personnel sont en CDD, et ce sont, aussi parfois, les mêmes personnels qui assurent l’enregistrement puis l’embarquement. Ceci sans parler des économies réalisées sur la formation des 500 pilotes transfuges d’Air France.

La destination Algérie attendue de pied ferme

On se rappelle qu’avant mars 2020, Air France assurait 5 vols quotidiens depuis Alger et une dizaine de vols depuis Oran. Soit 45 vols hebdomadaires sur les près de 250 qu’elle pouvait prendre.  

Avec 189 sièges par vol, Transavia qui pourrait récupérer plus de 200 vols hebdomadaires sur la destination Algérie serait d’un apport financier considérable pour le groupe Air France-KLM, surtout si l’on considère qu’un billet à moitié prix de ce qui est proposé actuellement (plus de 800 euros) avec 189 sièges, le calcul devient simple. C’est près de 15,12 millions d’euros par semaine, et pas loin de 790 millions d’Euros par an. L’Algérie deviendra, à coup sûr, la destination de prédilection de la compagnie low cost française qui profitera pleinement du fait que le ciel algérien n’est pas un open sky, ce qui lui garantira une exclusivité sur le pays. Mieux encore, l’attrait réside dans le flux régulier, à longueur d’année, des voyageurs entre l’Algérie et la France où réside une très forte communauté algérienne faisant la navette entre les deux rives de la Méditerranée, contrairement aux autres destinations où les grands flux ne se manifestent que durant la période estivale et les vacances. Donc, nul besoin de «casser les prix», surtout quand la compagnie nationale Air Algérie sur laquelle ils doivent s’aligner en la matière pratique des prix élevés pour compenser ses pertes.

B. A.