Après l’adoption de la résolution de cessez-le-feu : Les Israéliens aux abois

0
2560

PAR AMAR R.

L’adoption par le conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat à Ghaza est saluée dans le monde entier, sauf dans l’entité sioniste plus que jamais isolée au sein de la communauté internationale. L’abstention de la représentante américaine lors du vote a surpris le gouvernement d’occupation exprimant sa colère la plus totale à son allié, au point que ses diplomates parlent de trahison de Washington. Le gouvernement d’extrême droite de Netanyahu, qui reproche aux Etats-Unis de ne pas avoir fait usage de leur droit de véto, comme lors des précédents votes, a estimé que cette abstention américaine nuisait à ses efforts de guerre et à la libération des otages à Ghaza.

Il a manifesté sa désapprobation à l’égard de cette attitude en renonçant, en représailles, à envoyer aux Etats-Unis une délégation qui devait y entendre cette semaine les conseils d’une administration hostile à son projet d’offensive armée à Rafah, dans le sud de l’enclave. Le PM sioniste accuse les Etats-Unis d’avoir abandonné leur politique aux nations unies, y voyant une « rupture claire avec la politique constante des Etats-Unis au conseil de sécurité depuis le début de la guerre ». Mais Washington s’en défend en soutenant que ce vote ne reflète aucun changement de politique envers son allié sioniste, en voulant pour preuve de sa volonté d’accueillir le ministre de la défense israélien Yoav Gallant, qui devait s’entretenir avec le secrétaire à la défense Lloyd Austin, le secrétaire d’Etat Antony Blinken
et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan. Une manière à elle de montrer qu’elle chercherait une alternative à Netanyahu en raison de son entêtement à ne pas prendre en considération les mises en garde qui lui ont été adressées au sujet de la menace de mener une offensive armée à Rafah, en dépit de la « ligne rouge » tracée par de Joe Biden.

Washington craint pour l’aura de l’occupant

« Nous pensons que cette invasion à grande échelle serait une erreur », a réitéré récemment le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller, qui déplore des risques
« immenses » pour les civils. « Ce type d’invasion affaiblirait la sécurité d’Israël » et « nuirait à sa position dans le monde », a-t-il affirmé. A vrai dire, cette position dénote non pas les craintes pour la perte de vies humaines palestiniennes, mais que cette offensive renforcerait davantage l’isolement de l’entité sioniste au sein de la communauté internationale.

La question fait l’unanimité de la classe politique américaine, y compris chez les candidats à l’élection présidentielle, à telle enseigne que Donald Trump a exprimé, une fois n’est pas coutume, un avis similaire à celui de Biden. L’actuel locataire de la Maison-Blanche a une motivation supplémentaire pour jouer la carte humanitaire de Ghaza, avec son acrimonie sur les victimes civiles et son insistance sur l’acheminement des aides à la population palestiniennes. Joe Biden, qui aspire rempiler pour un deuxième mandat présidentiel, craint le vote des jeunes Américains qui sont très en faveur de la cause palestinienne.

D’où l’intérêt de prendre ses distances a l’égard du gouvernement de Netanyahu qu’il semble traîner comme un boulet en raison de sa mauvaise réputation auprès de l’opinion internationale où il est décrié partout pour sa guerre génocidaire contre les Palestiniens de Ghaza. Plus que Netanyahu, toute l’entité sioniste paraît alors on ne peut plus isolée.

La Palestine appelle à un «un changement de politique américaine»

La présidence palestinienne aussi soutient que la résolution adoptée la veille par le conseil de sécurité de l’ONU concernant un cessez-le-feu à Ghaza avait conduit à un isolement international sans précédent de l’entité sioniste, qui mène une sauvage agression contre le peuple palestinien. Cependant, le porte-parole officiel de la présidence palestinienne, Nabil Abu Rudeineh, a souligné que malgré le fossé public qui se creuse entre l’entité sioniste et l’administration américaine, le soutien militaire américain et la protection politique que
celle-ci fournit à l’occupation « n’ont pas encore changé de manière à conduire à l’arrêt de
l’agression contre notre peuple palestinien ». Abu Rudeineh a appelé l’administration américaine à franchir des étapes « plus sérieuses et efficaces », parce que, a-t-il poursuivi, « la vraie bataille qui doit être traitée n’est pas seulement l’agression contre Ghaza ou les conflits régionaux, mais elle est plus profonde et plus large ».

Résoudre un conflit qui dure depuis des décennies nécessite, selon le porte-parole de la présidence palestinienne, « un changement de politique américaine ».

A. R.