Electroménager : Tebboune veut une vraie industrie

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Electroménager Tebboune veut une vraie industrie

Par Brahim Aziez

Lors de l’inauguration de la foire de la production algérienne, le président Tebboune avait déclaré que «l’ère du montage en Algérie est révolue» et qu’il était temps pour le pays de «devenir un pays industrialisé, slogan de l’année 2022».

Un message qui ne s’adressait pas uniquement au secteur de l’automobile, mais visait aussi celui de l’industrie électronique et électroménagère. D’ailleurs, au niveau du stand des industries électroménagères, le chef de l’Etat a appelé à la réduction de l’importation d’appareils électroménagers et à l’intensification de l’investissement local dans ce domaine.

Il faut savoir que les unités d’assemblage des réfrigérateurs, entre autres, sont dans le collimateur de l’Etat. Leur activité est regardée avec mauvais œil par le président de la République qui ne cache plus son mécontentement quant au fonctionnement de ces unités qui se comptent par dizaines au niveau national.

Saisissant son passage au stand d’un fabricant des produits électroménagers présent à la Foire de la production algérienne, le chef de l’Etat a mis en garde contre les opérations d’importation déguisées. Il lâchera à son endroit.

«Importer des composants des réfrigérateurs et les monter ici en Algérie ne relève pas de l’industrie. C’est de la spéculation», en répondant à certaines doléances d’un opérateur du domaine de l’électroménager.

Poursuivant son intervention, Abdelmadjid Tebboune rappellera que l’Etat n’a autorisé personne pour continuer à importer des composants des réfrigérateurs pour les besoins du montage, en précisant.

«Nous avons juste débloqué les conteneurs en souffrance dans les ports. A la fin de l’opération, aucun opérateur ne sera autorisé à continuer à exercer cette activité.» Plus menaçant, il ajoutera : «Celui qui continuera à faire dans l’assemblage sera sanctionné et les responsables qui l’y autorisent seront également sanctionnés.»

Pour le premier magistrat du pays, le moment est venu de doter l’Algérie d’une véritable industrie électroménagère, et un seuil minimal de taux d’intégration est nécessaire pour obtenir l’autorisation d’exercer l’activité de fabrication d’appareils électroménagers.

L’exemple à suivre de l’Eniem

Mais tout n’est pas noir dans le secteur, et l’exemple de l’Entreprise nationale d’électroménager (Eniem), entre autres, reste un modèle à suivre.

Le président soulignera l’importance de l’expérience acquise par l’Eniem dont les produits séduisaient, par le passé, les consommateurs algériens établis dans le pays et à l’étranger. Et de souligner que «les produits de l’Eniem n’ont pas une programmation pour l’obsolescence».

Condor multiplie les partenariats dans l’électronique

Leader dans la production nationale des produits électroniques, Condor Electronics poursuit son développement en multipliant les partenariats avec les marques étrangères.

Après avoir paraphé son dernier contrat avec le numéro un chinois Hisense, l’entreprise privée algérienne s’apprête à signer prochainement avec deux grandes marques étrangères.

C’est du moins l’annonce faite par son directeur général adjoint, Mohamed Salah Daas, en marge de la 30e Foire de la production nationale.

Celui-ci révélera que Condor Electronics est en train de «négocier avec deux nouvelles marques internationales, leaders dans leur domaine, pour lancer la fabrication de produits électroniques en Algérie».

Sans vouloir en dire plus sur l’identité de ces deux grosses firmes de l’électronique, le responsable de Condor se contentera d’indiquer qu’une délégation d’une des deux marques sera reçue par l’entreprise dans les deux prochains jours pour finaliser les négociations.

Il signalera que «ces deux contrats, très importants, nous permettront de réaliser un transfert technologique pour faire de l’Algérie un pôle d’export pour l’Afrique», précisant que le lancement de la production avec ces deux grandes marques est prévu pour le début de 2023.

Stream System compte produire 7,5 millions de téléviseurs/an

De son côté, Stream System compte se lancer sur de nouveaux chantiers.

En effet, le groupe est en phase de négociations sur un projet d’investissement de 3,5 milliards de dollars avec un partenaire étranger, et le projet a même été présenté au chef de l’État à l’ouverture de la foire.

À travers ce projet, le groupe envisage de produire 7,5 millions de téléviseurs par an, dont l’essentiel sera destiné au marché européen. A cela s’ajoute un projet d’extension dans son usine de Birtouta pour 2,5 milliards de dinars pour s’inscrire dans une démarche d’intégration nationale à travers Bomare Company qui fabrique les cartes mères depuis 2006.

De plus, il est question de la mise en place d’un réseau de sous-traitants en faisant appel notamment aux nouveaux diplômés (ingénieurs électroniciens) de l’université de Blida Saad-Dahleb avec lesquels l’entreprise a pris l’engagement de les accompagner dans le processus de création de leurs entreprises.

Et malgré une baisse des exportations en 2022 en raison de la crise et de l’inflation en Europe, Stream System table sur 30 milliards de dinars de chiffres d’affaires avec l’élargissement de la liste de ses clients à l’étranger, que ce soit en Europe ou en Afrique.

Il est utile de rappeler que les produits de Bomare sont commercialisés depuis 2015 en Espagne et au Portugal, puis en Italie et dans certains pays africains les années suivantes.

Le groupe Cevital s’est lancé dans les moteurs électriques

Le groupe Cevital, qui compte parmi ses filiales la marque Brandt dont les divers produits sont fabriqués en Algérie, a inauguré récemment l’usine de fabrication de moteurs électriques WEG Algeria SPA, une entreprise issue de sa joint-venture avec le brésilien WEG, n°2 mondial du domaine.

Implantée à Sétif, l’usine qui devrait produire 1 à 1,2 million de moteurs/an entend fournir le marché algérien et viser l’export, notamment vers les marchés d’Afrique du Nord et des autres pays riverains.

Le coût de l’investissement est de 10 millions de dollars et permettra de porter le taux d’intégration de l’industrie nationale de l’électroménager à 80% au lieu de 60% actuellement.

Le ministre de l’Industrie, qui avait assisté à l’inauguration, avait qualifié l’acquis de «saut qualitatif pour l’industrie de l’électroménager en Algérie qui est déjà un secteur performant, couvrant 83% des besoins du marché local, et dégageant des quantités à l’export».

Ahmed Zeghdar en avait profité pour rappeler les efforts de l’Etat algérien pour l’émergence de plusieurs pôles de cette industrie, notamment à Sétif, Bordj Bou-Arréridj et Sidi Bel-Abbès.

On compterait ainsi près de 120 entreprises, dont Brandt, filiale de Cevital, qui activent aujourd’hui dans le secteur et emploient 30 000 personnes.

A Sétif, le groupe Cevital dispose d’une grande unité de fabrication d’appareils électroménagers de la marque Brandt, marque acquise il y a quelques années déjà.