PAR BRAHIM AZIEZ
Avec l’adoption, par l’union européenne, d’une taxe carbone à partir de 2026, ce sont tous les produits hors hydrocarbures qu’exporte l’Algérie qui seront impactés s’ils ne se mettent pas aux normes mises en place. Cette taxe carbone évoluera graduellement entre 2026 et 2033 pour atteindre 100% du prix de CO2 lié à la fabrication et au transport des produits sidérurgiques, des engrais et autres ciments/clinker. Sur cette dernière catégorie de produits, exportés à près de 9 millions de tonnes en 2023, dont 3,6 millions de tonnes par Holcim El Djazair pour 140 millions de dollars, l’Algérie, qui aspire à augmenter ses exportations hors hydrocarbures, pourrait voir ses ambitions freinées sur certains gros marchés, comme l’union européenne et les Etats-Unis, si des mesures ne sont pas prises dès maintenant pour se conformer aux nouvelles normes en matière de décarbonation. Et sans trop minimiser le poids de cette transformation, Nicholas George avouera que le coût de ce genre d’opération reste assez lourd, l’estimant aux environs de 400 millions de dollars d’investissement pour capter le carbone sur un four d’une cimenterie, ce qui équivaut à la construction d’une nouvelle usine.
Il en donnera pour exemple l’énorme investissement consenti par le groupe Holcim dans 17 de ses cimenteries à travers le monde pour parvenir à capter 5 millions de tonnes de carbone à l’horizon 2030, dont la première à séquestrer le carbone le sera en 2026. Mais la tâche, selon le représentant de Holcim en Algérie, commence par étapes, le cimentier a déjà entrepris des actions en Algérie pour permettre l’homologation des produits locaux à travers le monde, qu’il s’agisse de processus de fabrication, de produits labélisées « green » utilisant des matières premières issues des déchets de l’industrie ou recyclés, quand ils ne se distinguent pas par des qualités d’isolation thermique élevées. Des filtres sont déjà utilisés au niveau de certaines cimenteries de Holcim en Algérie Holcim El Djazair a exporté pour 3,4 millions de tonnes, dont 1,2 million de tonnes de ciment en 2023 pour une valeur de 140 millions de dollars. C’est carrément 35% des exportations algériennes de ciment et de clinker l’année dernière, sachant que l’Algérie a produit pour plus de 42 millions de tonnes de clinker.
L’ambition est d’aller vers 3,8 millions de tonnes en 2024, avec une plus grande proportion de ciment, pour atteindre 4,6 millions de tonnes en 2027, sachant que les exportations étaient de 0,4 million de tonne en 2018. Holcim El Djazair entend même exporter 45% de ciment vert à l’horizon 2030.
Mais cela reste loin des potentialités du cimentier en Algérie, lequel reste tributaire de moyens logistiques qui empêcheraient d’aller au-delà de ces volumes. Des investissements propres ont été consentis pour doter le port de Djendjen de shiploader et celui d’Oran de silos, sans parler des acquisitions d’une flotte de 30 camions, dont 1 électrique, de la dotation de la cimenterie de M’sila et de l’usine de sac de 4 bornes de rechargement électriques, mais des efforts sont attendus des pouvoirs publics pour fluidifier les opérations de chargement au niveau des ports pour moins impacter les frais de logistique.
B. A.
