La délocalisation des industries allemandes à l’étude

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PAR R. AKLI

« L’Algérie est disposée à faciliter la mise en place de projets de colocalisation dans l’ensemble des secteurs d’activité en faveur des entreprises allemandes. » C’est l’un des messages portés par le ministre de l’industrie et de la production pharmaceutique, Ali Aoun, à l’adresse des acteurs économiques allemands, à l’occasion de sa participation en fin de semaine écoulée à Berlin aux travaux du forum annuel de l’association fédérale allemande des petites et moyennes entreprises (BVMW). Lors des entretiens qu’il a eus en marge de cette manifestation économique annuelle, notamment avec le directeur général de l’association des entreprises germano-africaines (Afrika-Verein) et la présidente de
l’association arabe euro-méditerranéenne de coopération économique, le ministre de l’industrie a ainsi évoqué avec ses interlocuteurs les possibilités de favoriser le lancement de projets de partenariat et de colocalisation dans différents domaines industriels, précise un communiqué officiel rendu public par les services du ministère de l’industrie.

A cet égard, le ministre n’a pas manqué de mettre en avant les évolutions notables que connaît actuellement l’économie et le climat des affaires en Algérie, à la faveur notamment de la mise en place de nouveaux dispositifs législatifs et institutionnels qui favorisent l’investissement et les partenariats. Un constat partagé par les responsables allemands qui ont affiché leur intérêt pour l’investissement en Algérie, note le même communiqué, en soulignant que les deux parties ont identifié en ce sens divers domaines offrant la possibilité de lancer de nombreux projets industriels à court terme, en particulier les industries de transformation, la production pharmaceutique, les pièces de rechange automobile, le textile et l’habillement. Des secteurs potentiellement très porteurs pour les entreprises des deux pays et auxquels pourront s’ajouter de nombreuses autres filières industrielles propices à la mise en place de projets de coproduction ou de colocalisation, mutuellement profitables, au regard des divers avantages comparatifs qu’offrent en ce sens
les économies algérienne et allemande dans le domaine de l’investissement. De fait, les colocalisations, qui constituent une voie de partenariat et d’investissement plus bénéfique et moins agressive que les délocalisations, sont à même d’offrir aux économies des deux pays l’opportunité de mettre leurs atouts en commun pour booster leur croissance et leurs valeurs ajoutées.

Avantages comparatifs

En quête de gain de compétitivité extérieure, dans un contexte économique et commercial mondial de plus en plus marqué par les nouvelles tendances à la mondialisation-régionalisation à travers l’émergence de groupements et de zones d’échanges régionales, le made in Germany peut en effet tirer profit des nombreux avantages comparatifs qu’offre désormais le marché algérien pour y opérer des transferts d’activité dans le cadre de projets ciblés de colocalisation et d’investissements directs.

Outre les nombreux avantages, incitations fiscales simplifications administratives et autres, induits par la nouvelle loi sur l’investissement et celle relative à l’accès au foncier économique, le marché algérien offre de nombreux atouts essentiels à l’investissement
étranger et à la coproduction, dont notamment une disponibilité des ressources énergétiques à des prix très compétitifs, une main-d’œuvre jeune, formée et qualifiée dans diverses disciplines, un réseau routier très dense, ainsi qu’une infrastructure logistique, portuaire et aéroportuaire opérationnelle et performante. Qui plus est, pour les grandes firmes et PME allemandes, dont les performances et la compétitivité sont fortement tournées vers l’export, le marché algérien peut constituer une destination d’investissement et de colocalisation idéale de par sa profondeur stratégique et sa position géographique plus qu’avantageuse, à la fois comme carrefour entre les deux rives de la Méditerranée et comme porte d’accès privilégiée vers le très convoité marché africain.

Un avantage comparatif d’autant plus déterminant que l’Algérie est engagée pleinement
dans le processus de mise en place de la grande zone de libre-échange africaine (Zlecaf) tout en étant liée par un accord d’association avec l’union européennes (UE). Aussi, à travers les nombreuses opportunités ainsi offertes, les PME et grandes firmes allemandes peuvent de fait s’ouvrir de nouvelles perspectives de partenariat et de colocalisation dans diverses filières industrielles en Algérie en vue d’améliorer leur compétitivité et de diversifier leurs marchés à l’exportation. Pour l’Algérie, de tels projets de coproduction permettront surtout à la sphère économique domestique d’accéder à des transferts concrets de technologies et de bénéficier ainsi d’un important capital savoir-faire reconnu de par le monde aux fins de renforcer la relance de l’industrie nationale, dont les pouvoirs publics entendent porter la contribution au produit intérieur brut (PIB) du pays à un niveau d’au moins 10% d’ici à l’année prochaine.

En outre, la mise en place de projets de colocalisation concrets avec des partenaires allemands permettrait à l’Algérie d’accélérer le processus de son insertion dans les chaînes
de valeurs régionales et internationales. A souligner que le partenariat économique algéro-allemand connaît actuellement une nouvelle dynamique dans divers domaines, en particulier dans les secteurs du gaz, des énergies nouvelles et du développement de l’hydrogène vert, où les deux pays ont engagé récemment d’importants accords de coopération.

R. A.