L’Espagne déçue par «l’échec de Borrell»

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L’Espagne déçue par «l’échec de Borrell»

Par Djamel Belbey

De l’aveu de la presse espagnole, Josep Borrell n’a pas réussi la mission que lui a assignée l’Espagne, pour régler le «différend commercial» avec Alger, qui a causé des pertes de 2 milliards d’euros aux entreprises espagnoles.

Pour le gouvernement espagnol, qui dès le début voulait impliquer l’Union européenne, cette mission s’est avérée un échec, car n’ayant pas pu «obtenir d’infléchir la position d’Alger», estiment les mêmes sources, qui rappellent à Sanchez l’obligation de ne compter que sur lui-même pour trouver une solution à ce différend, né de son revirement diplomatique en s’alignant sur les thèses marocaines au sujet du conflit du Sahara occidental.

Ce que d’ailleurs le haut représentant européen chargé des affaires étrangères et de la politique sécuritaire, Josep Borrell, avait lui-même indiqué à l’endroit du gouvernement Sanchez, eu égard au fait que «l’Algérie est un partenaire important de l’UE dans le sud de la Méditerranée et un acteur clé pour la stabilité régionale».

Le président Tebboune l’a signifié, aussi en affirmant que Sanchez sait ce qu’il a fait, et sait également ce qu’il aura à faire, soit, que pour rétablir des relations similaires à celles qui prévalaient avant cette crise, le gouvernement espagnol aura à corriger et rétablir un statut équidistant dans le conflit du Sahara occidental.

Sanchez doit réviser sa position

En jugeant inacceptable le changement de position de Sanchez vis-à-vis du conflit du Sahara occidental, le chef de l’Etat a accusé nommément le premier ministre espagnol d’avoir «tout cassé» entre les deux pays, a rappelé à l’Espagne le devoir de ne pas renoncer à sa «responsabilité historique», en tant que puissance administrante et «doit réviser sa position».

Le président Tebboune reviendra sur le sujet récemment, lors d’une rencontre périodique avec la presse, déplorant que les relations algéro-espagnoles se soient détériorées, en raison du fait que l’Espagne a fait «un faux pas» en s’alignant sur les positions du royaume du Maroc dans le conflit du Sahara occidental.

Cependant, le président Tebboune a réitéré que «nos relations avec le peuple espagnol sont restées excellentes jusqu’à ce jour» et «notre respect est total envers le roi (Felipe VI)» et avec d’autres acteurs du pays.

Le traité de coopération et de bon voisinage avec l’Espagne «n’est pas annulé, mais est gelé», a-t-il déclaré, en imputant cette mesure à «un acte inamical» de la part du gouvernement Sanchez.

Déficit de l’Espagne des opérateurs

Le décor est ainsi planté sur le plan diplomatique.

Les échanges économiques, en revanche, ont fortement diminué depuis le revirement du gouvernement Sanchez.

L’économie espagnole a accusé quelque 2 milliards de pertes en raison de la cessation des exportations des opérateurs espagnols vers l’Algérie.

En 2022, les exportations espagnoles vers l’Algérie ont «fortement diminué dans tous les secteurs», indique une note du ministère de l’Industrie et du Commerce espagnol, en précisant que «la baisse s’est accélérée à partir de juin pour atteindre 93% en décembre».

Les données pour ce mois-ci font état de «seuls 10,8 millions de dollars ont été exportés», correspondant à d’anciens contrats encore en vigueur, «alors que dans la période normale des relations, la moyenne mensuelle était de 169 millions de dollars», ajoute la même source.

En revanche, les importations espagnoles en provenance d’Algérie ont augmenté «sous l’effet des prix de l’énergie». En 2022, une augmentation de 59%.

Dj. B.