Marché du gaz : L’Algérie et l’Azerbaïdjan veulent connecter leurs réseaux

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Attaf reçoit l’envoyé spécial du président azerbaïdjanais

PAR DJILALI B.

L’Azerbaïdjan peut ouvrir des perspectives pour les produits énergétiques algériens à travers son infrastructure de transport ouverte sur le marché asiatique difficilement accessible en raison des coûts du fret. Cela est d’autant plus réalisable que les relations politiques entre les deux pays ont atteint un haut niveau en attendant que suivent les relations économiques.

« L’Azerbaïdjan se trouve dans ce qu’on appelle le corridor moyen (corridor estouest) qui lie la Chine à travers l’Asie centrale, la mer Caspienne, le Caucase du Sud à l’Europe de l’Est (le gazoduc Transanatolien) », a expliqué, hier à Alger, l’envoyé spécial du président de la République d’Azerbaïdjan, Elchin Amirbayov. Il a mis en avant l’intérêt « grandissant » pour cette route de la part de la Chine mais aussi de l’UE qui s’est lancée dans une course pour s’approvisionner en produits énergétiques après les sanctions imposées à la Russie et le boycott de son gaz, notamment, qui souhaitent renforcer ses capacités d’acheminement.

Le Transanatolien offre ainsi une occasion pour l’Algérie d’augmenter le volume de ses exportations des produits énergétiques, notamment le gaz, jusque-là transporté par
méthaniers vers ce marché asiatique en constante évolution. « Ce corridor peut aussi intéresser l’Algérie », a souligné M. Amirbayov prévoyant d’étudier « la meilleure façon d’organiser le passage des produits énergétiques algériens via ce corridor ». Il s’agit là d’une
offre à la hauteur des relations bilatérales ainsi que des ambitions de la hisser à un plus haut niveau.

Un potentiel «pas totalement exploité»

Le secteur de l’énergie est pour ainsi dire le premier domaine de coopération entre les deux pays, en plus des énergies renouvelables, dit l’envoyé spécial du président Ilham Aliev, qui a estimé que ce domaine de coopération est très important et dont le potentiel n’est pas « totalement exploité ». Il a révélé par ailleurs l’existence de discussions entre la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach et la compagnie pétrolière azerbaïdjanaise Socar autour de la manière d’organiser le commerce des produits énergétiques algériens, mais aussi, et c’est davantage plus important, des discussions sur l’organisation de la connectivité de leurs réseaux de transport.

En termes d’échanges commerciaux cependant, M. Amirbayov a reconnu que les chiffres sont faibles et sont loin de refléter l’excellence des relations politiques entre les deux pays, estimant toutefois que « l’institution de la commission mixte intergouvernementale et la mise en place d’un conseil d’hommes d’affaires pourraient booster les relations économiques ».

Rappelant par ailleurs l’évolution des relations bilatérales depuis l’établissement des missions diplomatiques, qui ont atteint un haut niveau, avec des échanges et des contacts intensifiés entre les membres des deux gouvernements, culminant, sans aucun doute, avec la visite du président Ilham Aliev en Algérie où il était l’invité d’honneur du sommet arabe, a rappelé M. Amirbayov, qui a saisi l’occasion pour inviter Abdelmadjid Tebboune à assister à la conférence de Bakou sur les changements climatiques (COP29), en novembre un grand souhait de notre côté, d’accueillir le président algérien à cette conférence. Cela permettra de renforcer nos relations bilatérales », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, il a affirmé avoir évoqué au ministère des affaires étrangères les moyens de booster les relations économiques mais aussi l’idée de créer « une commission mixte intergouvernementale ». « Nous avons déjà soumis le projet de l’accord à l’Algérie et on
nous a assuré que nous sommes proches de finaliser cet accord », a-t-il souligné. Il a par ailleurs évoqué le domaine culturel, l’éducation et l’enseignement supérieur et la circulation des personnes, la facilitation de l’octroi des visas ainsi que l’ouverture d’une desserte aérienne Bakou-Alger.

Au plan international, Elchin Amirbayov a insisté sur l’importance de renforcer la coordination entre les deux pays au niveau des organisations internationales et régionales concernant les différentes questions d’intérêt commun. L’on peut citer à ce propos l’organisation de la coopération islamique (OCI), le mouvement des non-alignés (MNA) et bien entendu l’ONU et au sein de son conseil de sécurité où est élue l’Algérie membre non permanent et où Bakou attend une « coopération utile et efficace ».

D. B.