Saïhi pointe les boissons et la nourriture des fast-foods : Le sucre, ennemi N°1 de la santé publique

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PAR ZINE HADDADI

Le plus grand danger sur la santé publique en Algérie se trouve dans les assiettes des Algériens. C’est en substance ce qu’a déclaré le ministre de la santé Abdelhak Saihi à l’occasion de la tenue, hier, de la 2e édition du congrès national sur le diabète et le mois de ramadan. Le ministre de la santé a pointé du doigt certains aliments très prisés des Algériens, mais qui représentent un facteur important de la progression de maladies, à l’image du diabète. Le constat de Abdelhak Saïhi est sans appel : « La consommation des boissons gazeuses, des jus et la nourriture des fastfoods ont lourdement impacté la santé des citoyens. »

La principale cible de la mise en garde du ministre de la santé est bien évidemment le sucre, notamment celui utilisé dans les jus et boissons gazeuses. Le débat sur le taux de sucre utilisé dans les boissons revient souvent sur la place publique. Dans son rôle de prévention contre les dangers sur la santé publique dans le pays, le ministre de la santé a tiré la sonnette d’alarme. Ainsi, les producteurs de boissons en premier lieu sont appelés à respecter les normes en matière d’utilisation du sucre dans leurs produits.

Les textes réglementaires fin prêts

« Nous avons un ensemble des mécanismes réglementaires qui nous permettent de contrôler le niveau du sucre ou du sel dans chaque aliment ou boisson », a-t-il expliqué.
En matière de réglementation, des imperfections ont été relevées précédemment par la fédération des producteurs algériens de boissons par le biais de son président Ali Hamani. L’équivoque juridique concernait principalement le taux de sucre admis ainsi que la dénomination de certains produits.

Joint par l’Algérie Aujourd’hui, Ali Hamani a annoncé que les arrêtés interministériels devant corriger les incohérences relevées ont été finalisés. « Les propositions concernant le taux de sucre et la dénomination ont été adoptées », a-t-il indiqué. Ainsi, le taux de sucre ajouté ne devrait pas dépasser les 105 grammes pour un litre de boisson.

Si les boissons sont les plus évoquées quand on parle de sucre, Ali Hamani rappelle pour sa part que le taux de sucre est surélevé dans d’autres produits comme les biscuits à titre d’exemple. Il évoque une approche globale pour habituer les Algériens à moins de sucre dans les produits qu’ils consomment au quotidien. « Les boissons et les jus ne représentent que 10% de ce que consomment les  Algériens en sucre. Il faudrait faire en sorte d’habituer les consommateurs à moins de sucre », a-t-il préconisé.

Pour Dr Mohamed Bekkat Berkani, la mise en garde du ministre de la santé Abdelhak Saihi tombe au bon moment. « Le ministère de la santé est dans son rôle de prévention contre les maladies comme le diabète dont les chiffres sont plus qu’inquiétants. Un travail doit être fait pour forcer les producteurs à utiliser moins de sucre, notamment dans les jus et boissons. Le sucre consommé à l’intérieur d’un liquide fait monter la glycémie en flèche », a-t-il indiqué.

Le timing de l’intervention du ministre de la santé est également salué par Dr Bekkat Berkani. « Juste avant l’arrivée de ramadan, il était important de donner un coup de pied dans la fourmilière. Durant le mois sacré, les Algériens abusent de la consommation de sucre. Il y a ceux qui rompent le jeûne par un soda, c’est dangereux. Le mois de ramadan, c’est une campagne de recrutement massive de nouveaux diabétiques », a-t-il ajouté. Le sucre, ennemi n°1 de la santé publique

La répression des producteurs non respectueux des normes d’utilisation de sucre est perçue par Dr Bekkat Berkani comme un des leviers d’action dans ce registre. « Le ministère du commerce doit accompagner l’action de prévention du ministère de la santé par une fermeté pour avoir des résultats. L’argent dépensé par le ministère de l’industrie et de la production pharmaceutique dans les usines de fabrication d’insuline signifie que nous avons de plus en plus de diabétiques insulino-dépendants, et c’est ce qu’on consomme tous les jours qui provoque cette situation », a ainsi déploré le président du conseil de l’ordre des médecins algériens.

Pour Mohamed Aissaoui, président de l’association de protection des consommateurs Himayatic, il faudrait des actions d’encouragement des producteurs à diminuer l’usage du sucre.

Comment encourager les producteurs à diminuer l’utilisation du sucre

Concrètement, il propose la création d’un label où les produits les plus nutritifs sont mis en valeur pour inciter les citoyens à les consommer. « Il faut arriver à créer un créneau commercial où les producteurs trouvent leur compte et qu’en même temps la santé des consommateurs ne soit pas mise en danger, à l’image du nutri score utilisé en Europe », a-t-il proposé. En attendant la promulgation des arrêtés interministériels devant encadrer la
production des boissons, largement consommées en Algérie, les Algériens sont également appelés à modifier leurs habitudes alimentaires qui sont loin de cadrer avec les recommandations des spécialistes.

Z. H.