Sid-Ali Kouiret, une légende des planches et du grand écran

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Par Delloula Morsli

Sid-Ali Kouiret était un acteur de premier plan qui a marqué le théâtre et le cinéma algérien. Ses personnages attachants en marge de la société, son élégance singulière sur scène comme à l’écran, l’ont amené à devenir l’un des visages les plus populaires du paysage artistique en Algérie.

Le parcours de Kouiret débute au cœur de la lutte algérienne pour l’indépendance. Une rencontre fortuite à 17 ans avec Mustapha Kateb, acteur et metteur en scène renommé, le lance sur le chemin qui le mènera vers la grande carrière qu’on lui connaît. En 1954, il rejoint le théâtre municipal d’Alger sous la direction de Mahieddine Bachtarzi, visionnaire qui a nourri le talent de nombreux artistes algériens. La surveillance des services de sécurité coloniaux pousse Kouiret à aller en France. Il sillonne les « Cafés FLN » avec Mohamed Boudia, Hadj Omar ou encore Noureddine Bouhired.

À l’aube de l’indépendance, Kouiret intègre le théâtre national algérien nouvellement créé. Ses débuts à la télévision se font avec une adaptation de la pièce « Les enfants de la Casbah » de Abdelhalim Raïs, mais la percée sur le grand écran arrive en 1968 avec « Hassan Terro » de Mohamed Lakhdar-Hamina, où il partage l’affiche avec le légendaire Rouiched. Lakhdar-Hamina fera de nouveau appel à lui dans « Décembre » et dans « Chronique des années de braise, » palme d’or au festival de Cannes en 1975, consolidant ainsi son statut d’acteur de talent. Dans « L’opium et le bâton » d’Ahmed Rachedi, Kouiret livre une performance poignante en incarnant Ali, un moudjahid exécuté devant sa famille et son village, personnage gravé dans la mémoire populaire.

Tout au long des années 1980, Kouiret continue son petit bonhomme de chemin avec ses rôles dans « Hassan Taxi » et « Hassan Niya. » Après sa retraite du théâtre, il reste actif sur scène, collaborant avec Rouiched dans « Les concierges » et travaillant avec une nouvelle vague de réalisateurs, à l’image de Okacha Touita dans « Les sacrifiés ». Ses dernières contributions au cinéma incluent l’adaptation de « Llob and Co » de Yasmina Khadra, réalisé par  Bachir Derrais, et un rôle de producteur dans « Mista » de Kamel Laiche.

Lorsque Sid-Ali Kouiret disparaît en 2015, après une carrière remarquable de plus de six décennies, il laisse derrière lui quelques personnages emblématiques aux répliques cultes qui vivent encore dans la mémoire collective des Algériens.

D.M.