Taïwan, la riposte chinoise 

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Chine

La Chine a déployé hier une première salve de sanctions commerciales contre Taïwan, alors que des exercices militaires près de l’île, en réaction à la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi, ont déjà été annoncés. Dans l’après-midi, 27 avions militaires chinois sont entrés dans la zone de défense aérienne taïwanaise.

Avec ce déplacement de la démocrate américaine, plus importante élue américaine à se rendre à Taïpei en 25 ans, la colère des autorités chinoises est vive. « Il n’arrivera rien de bon à ceux qui jouent avec le feu. Ceux qui offensent la Chine devront être punis, de façon inéluctable », a prévenu le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. « C’est une farce pure et simple. Sous couvert de démocratie, les États-Unis violent la souveraineté de la Chine », a-t-il ajouté depuis Phnom Penh où il assiste à une réunion de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est).

Interrogée hier, lors d’un point presse régulier, Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a évoqué les « mesures de rétorsion » que pourrait prendre la Chine après cette visite. « Il y aura tout le nécessaire. Ces mesures seront fermes, énergiques et efficaces. La partie américaine et les partisans de l’indépendance de Taïwan vont les sentir sur la durée », a-t-elle souligné.

«Cette visite menace la paix dans la région»

Selon l’ancien Président du Conseil de sécurité des Nations unies Kishore Mahbubani, cette visite risque surtout de mettre en péril la paix fragile dans la région. « Ce qu’elle fait, c’est attiser les tensions sur une question très sensible, à savoir la problématique de Taïwan. Je pense que la visite de Nancy Pelosi n’a fait qu’empirer les choses. Nous devons donc essayer de préserver la paix et le calme dans le détroit de Taïwan, et c’est ce que veulent tous les États asiatiques. La meilleure façon d’y parvenir est de s’en tenir au statu quo, et ainsi, la paix sera préservée », explique l’ancien diplomate.

Embargo sur une denrée essentielle

Pékin, dans sa volonté de punir les États-Unis et Taïwan pour cette rencontre symbolique, a donc annoncé une série de sanctions commerciales : les douanes ont décidé hier de suspendre l’importation des agrumes et de certains poissons de Taïwan. Elles affirment avoir détecté « de façon répétée » une cochenille nuisible sur les agrumes et des taux excessifs de pesticides. Des emballages contenant deux types de poissons ont également été testés positifs au coronavirus, a-t-elle assuré en guise de justification.

De son côté, le ministère du Commerce a annoncé « suspendre l’exportation de sable naturel vers Taïwan » à partir d’hier, sans donner d’explications. Un sable essentiel puisqu’il est généralement utilisé pour fabriquer du béton et asphalte. Taïwan dépend majoritairement de la Chine (son premier partenaire commercial) pour se fournir en sable.

La Chine est le premier partenaire commercial de Taïwan, avec des échanges qui ont grimpé en 2021 de 26%, à 328 milliards de dollars.

Exercices militaires

La veille de ces annonces commerciales, la Chine avait décidé de mettre en place des exercices militaires autour de l’île qu’elle considère comme partie intégrante de son territoire. Certains de ces exercices vont s’approcher jusqu’à 20 kilomètres des côtes taïwanaises, selon les coordonnées diffusées par les médias officiels chinois. Le ministère taïwanais de la Défense a protesté en affirmant que cela menacera plusieurs ports et zones urbaines. Ces exercices « constituent une mesure nécessaire et légitime afin de répliquer aux graves provocations de certains politiciens américains et des indépendantistes taïwanais », a rétorqué Hua Chunyin. Ils permettront « de défendre avec fermeté notre souveraineté nationale et notre intégrité territoriale », a-t-elle insisté, estimant que « ce sont les États-Unis qui sont les provocateurs, et la Chine qui est la victime. La Chine est en situation de légitime défense ».

Un point de vue et des méthodes défendus par Moscou mardi, qui accuse les Américains de « déstabiliser le monde, décrivant même le passage éclair de Nancy Pelosi a Taïwan comme une  » pure provocation ».

« La partie chinoise a le droit de prendre les mesures nécessaires pour protéger sa souveraineté et son intégrité territoriale concernant le problème de Taïwan », a ajouté le ministère russe des Affaires étrangères.