Tayara Safra fait salle comble à Ibn Zeydoun

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L’avant-première du court métrage « Tayara Safra » de Hadjer Sebata a fait salle comble à Ibn Zeydoun. Cette première expérience pour la jeune réalisatrice a été vivement applaudie par le public venu en nombre assister à la projection. Le film a pour toile de fond la souffrance des Algériens face à la colonisation française.

Dans les rôles principaux Sid-Ahmed Agoumi et Souhila Maâlem, père et fille, meurtris par la douleur de la mort de Mustapha. Parti faire son service militaire pour devenir agent de sûreté comme son père, Mustapha est mort à la fleur de l’âge.

Le film s’ouvre avec une scène poignante, magistralement interprétée par Souhila Maâllem dans le rôle de Djamila. La jeune femme soigneusement apprêtée se rend au commissariat après avoir reçu une convocation. Djamila semble confuse et désorientée. Ce mauvais pressentiment n’est pas fortuit. Sur un ton condescendant, un colonel de l’armée française lui apprend que Mustapha est mort dans une embuscade.

Djamila n’y croit point. Elle enquête auprès d’un camarade de l’armée à son frère qui finit par craquer : « Le chien t’a menti, Mustapha a été tué. »

Lors d’un entraînement, un chef de l’armée oblige Mustapha et ses camarades à tuer des paysans algériens. Si certains cèdent à la pression, Mustapha jette son arme et dit en s’adressant à son colonel : « Je me suis engagé pour protéger les gens des terroristes, comme mon père, pas pour en devenir un. » Un acte de courage qui lui a coûté sa vie. Mustapha s’écroule. Il est abattu d’une balle dans la tête.

Terrassée par cette nouvelle, Djamila est inconsolable. Contre la volonté de son père. Elle décide de se venger. Avec son arme, elle suit le colonel et lui tire dessus. La jeune femme est ensuite prise de force dans la voiture de deux inconnus. Des membres du FLN. Ils l’amènent dans un endroit isolé et essaient de comprendre son geste. Djamila dans tous ses états leur dit qu’elle vengera son frère.

Sa hargne ne passe pas inaperçue. Les deux hommes tentent de la convaincre de rejoindre les rangs de l’armée de libération nationale. Le film se termine avec l’engagement de Djamila dans la guerre de libération.

«J’ai privilégié l’histoire romanesque»

A l’issue de la projection, la réalisatrice Hadjer Sebata est questionnée sur l’absence de Tayara Safra, avion jaune, dans son court métrage. La réalisatrice explique qu’elle s’est inspirée de l’histoire de l’interprète de cette chanson, une femme qui a perdu son frère et qui évoque la peur de cet avion jaune.

« J’ai privilégié l’histoire romanesque de Tayara Safra et non pas l’histoire réelle, car il s’agit d’un court métrage qui ne me permet pas d’aller dans le détail de ce pan important de l’histoire de la colonisation. Je voulais avant tout mettre en avant le combat dans la douleur de toutes les femmes algériennes qui ont perdu des êtres chers et qui se sont battues pour la liberté de l’Algérie », souligne Hadjer Sebata.

Concernant le scénario, Hadjer Sebata dit avoir opté pour le flash-back pour avoir la liberté d’aller au fond des personnages et de revenir à la réalité.

« Cette narration me permet d’utiliser des transitions sonores et visuelles qui forment la narration cinématographique. Mon ambition était de parvenir à transmettre l’émotion », décrit la réalisatrice.

Hadjer Sebata se dit ouverte aux ajustements du scénario pendant la réalisation du film. « Il y a beaucoup de facteurs qui peuvent m’inciter à apporter des modifications au scénario. Le débat entre les acteurs qui se donnent la réplique, l’interprétation des rôles, les lieux. Tous ces éléments participent à apporter des changements dans le scénario », précise-t-elle.

Les paroles du chant patriotique Tayara Safra sont des louanges au courage des moudjahidine. Les paroles évoquent également la peur liée à ce petit avion jaune qui pendant la guerre bombardait sans distinction aucune.